
La cuisine de Thitid “Ton” Tassanakajohn
L’industrie thaïlandaise de la restauration traverse une période d’incertitude majeure, plus éprouvante selon certains acteurs que la crise du Covid-19. Malgré une croissance projetée de 2,8 % en 2025, le Kasikorn Research Center (K-Research) a revu à la baisse ses prévisions, citant la faible confiance des consommateurs, la baisse du tourisme et le ralentissement économique global. Les restaurants à service complet enregistrent une croissance anémique de 1,1 %, tandis que les enseignes de restauration rapide et de rue résistent mieux, portées par leur accessibilité.
Les professionnels du secteur, comme Chanon Koetcharoen, président de la Restaurant Association, pointent la réduction des repas pris à l’extérieur, la hausse des coûts de production et la baisse des visiteurs étrangers, notamment chinois. Dans ce contexte tendu, les consommateurs privilégient les marques connues, délaissant les établissements indépendants perçus comme risqués ou trop chers.
Cette situation s’accompagne d’un déséquilibre entre l’offre et la demande : la multiplication des ouvertures post-pandémie accentue les fermetures, alimentant une concurrence féroce sur un marché saturé. Le secteur est également confronté à une pénurie de main-d’œuvre, avec des salaires en hausse pour attirer les rares candidats, thaïlandais ou étrangers.
Panthip Deecharoen, dirigeante de la chaîne Everyday Thai Tea, mise sur la fidélisation des clients existants, le contrôle qualité centralisé et une offre plus saine pour maintenir sa position. Elle souligne aussi l’importance d’un soutien gouvernemental, notamment via des prêts à taux réduit.
Quant à la haute gastronomie, elle connaît un repli. Selon le chef étoilé Thitid “Ton” Tassanakajohn, le marché est arrivé à saturation, avec de nombreuses fermetures récentes malgré les distinctions. Il estime que seule la moitié des établissements gastronomiques survivra dans les cinq prochaines années, insistant sur la nécessité d’une solidité financière et d’une capacité à demeurer attractif auprès des clients.
Face à des vents contraires persistants, le secteur cherche aujourd’hui à se réinventer pour rester pertinent.