
La récente vague de nominations au sein du ministère de l’Intérieur, orchestrée par le Premier ministre et ministre de l’Intérieur Anutin Charnvirakul, marque un tournant politique majeur en Thaïlande. Derrière les déclarations officielles niant tout règlement de comptes entre Bhumjai Thai et Pheu Thai, les observateurs y voient une consolidation du pouvoir par le clan de Buriram, historiquement lié à Newin Chidchob et à l’appareil de Bhumjai Thai.
Le remaniement de 45 hauts fonctionnaires, dont plusieurs proches de Pheu Thai ont été écartés, illustre une reprise en main stratégique. Parmi les figures déplacées, Nirat Phongsitthithawon, promu sous Phumtham Wechayachai, est relégué au poste de gouverneur de Phuket. À l’inverse, Narucha Kosasivilai, ancien gouverneur de Buriram et proche de Newin, retrouve une position centrale à la tête du Département de l’administration provinciale. Ce retour en grâce est interprété comme une manœuvre préparatoire à une éventuelle dissolution de la Chambre et à de nouvelles élections.
Anutin affirme que ces décisions relèvent d’une procédure légale initiée par le secrétaire permanent Unsit Sampuntharat, mais les critiques persistent. Le timing, les profils promus et les liens régionaux renforcent l’idée d’un glissement de l’influence politique vers le “camp bleu” de Buriram. Le « camp bleu » fait aussi référence à la vague de sénateurs proches du Bumjaithai qui ont été élus de manière, semble-t-il, illégale en 2024.
Parallèlement, une affaire judiciaire vient raviver les tensions : la State Railway of Thailand (SRT) a déposé plainte auprès du tribunal civil de Buriram pour récupérer des terrains à Khao Kradong, attribués illégalement selon la Commission nationale anticorruption et la Cour suprême. Les titres de propriété contestés concernent Karuna Chidchob et la société Silachai Buriram Co., Ltd., visés pour démolition et remboursement.
Ce double mouvement — administratif et judiciaire — dessine les contours d’une centralisation du pouvoir autour de Buriram, entre recomposition bureaucratique et gestion territoriale. Si Anutin minimise les enjeux politiques, la recomposition en cours semble bien refléter une montée en puissance régionale, avec Buriram comme nouvel épicentre du pouvoir.