
Kasikornbank (KBank) a lancé un programme de retraite anticipée à 45 ans, une première dans le pays, qui suscite de vives réactions. Ce dispositif, présenté comme volontaire, reflète les bouleversements technologiques et les pressions croissantes sur le monde du travail.
Traditionnellement réservée aux seniors, la retraite devient accessible à des actifs encore en pleine carrière. Pour Tanit Sorat, vice-président de la Confédération des employeurs thaïlandais, cette mesure pourrait masquer des stratégies de réduction d’effectifs, notamment dans les secteurs bancaires et logistiques, fortement digitalisés. Il alerte sur les risques de burn-out et de marginalisation des employés.
Les PME, déjà fragilisées par les politiques tarifaires américaines et la baisse des exportations, voient leurs contrats permanents remplacés par des emplois temporaires. Environ 4,5 millions de travailleurs seraient menacés. Tanit rappelle que toute retraite anticipée doit respecter les lois du travail et que les droits sociaux liés à l’âge légal de 55 ans peuvent être perdus.
Supant Mongkolsuthree, ancien président de la Fédération des industries thaïlandaises, souligne que la crise actuelle diffère des précédentes : l’automatisation accélère les suppressions d’emplois. Il appelle à revoir les aides au chômage et à encourager la reconversion numérique.
Certains secteurs, comme l’artisanat, la santé ou les métiers créatifs, restent plus résilients. Supant estime que les retraités précoces pourraient se tourner vers l’économie numérique ou les services à la personne, notamment pour répondre au vieillissement de la population.
Mais pour Chalothorn Kaewkuea, employée de 55 ans, cette tendance révèle une insécurité croissante pour les cols blancs. À 45 ans, beaucoup n’ont pas encore atteint une stabilité financière suffisante. Elle craint une perte de confiance envers les employeurs et une pression accrue sur le système de sécurité sociale.
Thanes Nunman, travailleur indépendant, insiste sur la nécessité d’un équilibre entre compétences humaines et intelligence artificielle. Il appelle à une régulation du recours à l’IA pour protéger les salariés.
La Sécurité sociale thaïlandaise n’a pas encore évalué l’impact de cette mesure, mais se dit prête à accompagner les travailleurs licenciés et à maintenir leur couverture via des contributions volontaires.