
La gare de Chachoengsao
Six ans après la signature du contrat de partenariat public-privé (PPP), le projet de ligne à grande vitesse reliant Don Mueang, Suvarnabhumi et U-Tapao, en passant par Pattaya, est au bord du gouffre. Porté par Asia Era One et la State Railway of Thailand (SRT), ce chantier de 224 milliards de bahts devait incarner le cœur battant du corridor économique oriental (CEE). Mais les travaux n’ont jamais démarré. Derrière Asia Era One se trouve CP, le plus gros conglomérat de Thaïlande.
Initialement ralenti par la pandémie, le projet a vu sa rentabilité s’effondrer : baisse du nombre de passagers prévus, désintérêt des investisseurs, hausse des taux d’intérêt. Le consortium privé n’a pu verser les 10,67 milliards de bahts de concession pour l’Airport Rail Link, ni obtenir les financements nécessaires.
Face à l’impasse, le Comité de politique du CEE a tenté une relance en modifiant le contrat : paiements échelonnés selon l’avancement des travaux, garanties supplémentaires de 160 milliards de bahts, et règlement de la concession en sept tranches. L’accord semblait sur les rails, validé par le procureur général et prêt pour le passage devant le Cabinet.
Mais le changement de gouvernement a tout bouleversé. Le Premier ministre Anutin Charnvirakul et son ministre des Transports, Phiphat Ratchakitprakarn, ont rejeté les amendements, les jugeant défavorables à l’État. Résultat : retour au contrat de 2019, démission du gouverneur de la SRT, et nouveau blocage.
Ce gel, voire l’abandon du projet, affectera l’ensemble du CEE. L’extension de l’aéroport d’U-Tapao, la Cité de l’aviation et la Nouvelle Ville dépendent toutes de cette ligne pour assurer leur connectivité. Sans elle, c’est tout l’écosystème économique qui vacille.
Le 7 octobre, le ministre a confirmé que le contrat n’était pas annulé, mais que des discussions avec les partenaires privés étaient à venir. Deux questions restent en suspens : les terrains peuvent-ils être cédés au privé pour lancer les travaux ? Et quels obstacles empêchent le démarrage ?
Le procureur général a soulevé 18 problèmes juridiques, notamment sur les garanties exigées. Des clarifications ont été apportées, mais l’avenir du projet reste incertain. Si le contrat n’est pas modifié sous ce gouvernement, des ajustements seront nécessaires pour éviter une annulation pure et simple.