
La Banque de Thaïlande (BoT) a tiré la sonnette d’alarme : l’économie nationale, frappée par les droits de douane américains et un baht fort, aurait connu sa première contraction trimestrielle depuis fin 2022. Selon ses prévisions actualisées, le PIB du troisième trimestre 2025 aurait reculé de 0,5 % par rapport au trimestre précédent. Une légère reprise de 0,5 % est attendue pour le dernier trimestre.
Pranee Sutthasri, directrice du département macroéconomique de la BoT, attribue ce recul à une combinaison de facteurs : fermetures temporaires d’usines, affaiblissement de la demande mondiale et sanctions commerciales américaines. Elle reste toutefois optimiste pour la fin d’année, misant sur la réouverture des sites industriels et les mesures de relance gouvernementales, telles que les programmes « Khon La Khrueng Plus » et « Tiew Dee Mee Kuen », censés stimuler la consommation et le tourisme intérieur.
Malgré une croissance de 3 % au premier semestre, la BoT prévoit un net ralentissement pour la seconde moitié de 2025, avec une croissance estimée à 1,5 % au troisième trimestre et 1,3 % au quatrième par rapport à 2024. Pour 2026, la croissance ne dépasserait pas 1,6 %, freinée par la baisse des exportations et un tourisme encore fragile.
Les huit plus grandes banques commerciales du pays partagent cette inquiétude. Réunies autour d’un constat commun, elles anticipent un ralentissement prolongé sur deux à trois trimestres. En cause : la faiblesse persistante de la consommation intérieure, le surendettement des ménages et l’incertitude mondiale. Face à cela, les banques adoptent une posture défensive : gestion rigoureuse des risques, réduction des coûts, limitation des nouveaux prêts et constitution de réserves supplémentaires.
Payong Srivanich, président de Krungthai Bank, évoque des faiblesses structurelles profondes, notamment une économie informelle importante et un manque de compétitivité. De son côté, Chartsiri Sophonpanich (Bangkok Bank) souligne l’érosion de la confiance des consommateurs et des investissements privés. Kenichi Yamato (Bank of Ayudhya) et Kattiya Indaravijaya (Kasikornbank) insistent sur l’impact des politiques commerciales américaines et la portée limitée des aides publiques.
Dans ce climat incertain, la prudence reste le mot d’ordre du secteur financier thaïlandais.



