
Parfois des navires militaires accosteraient à Thap Lamu
À l’approche de l’entrée en vigueur d’un tarif douanier américain de 36 % sur les exportations thaïlandaises prévue pour le 1er août, Bangkok intensifie ses négociations avec Washington. Ce contexte suscite de vives réactions, amplifiées par des rumeurs selon lesquelles une coopération militaire accrue — notamment l’usage de la base navale de Phang Nga — pourrait être utilisée comme levier politique. Les responsables thaïlandais, tout en cherchant un accord commercial, se montrent réticents à toute solution qui compromettrait leur souveraineté.
Des voix publiques comme celle de Nantiwat Samart dénoncent toute tentative de troc géopolitique en échange de concessions douanières, mettant en garde contre une implication dans les tensions militaires internationales, en particulier avec la Chine. D’autres, comme Sutin Wannabovorn, insistent sur la transparence dans les discussions bilatérales, particulièrement concernant les installations militaires. Le gouvernement thaïlandais affirme qu’aucune base américaine n’est envisagée à Thap Lamu, bien que des utilisations ponctuelles soient possibles sur demande officielle, comme cela s’est déjà produit dans d’autres bases.
Pour apaiser les tensions, le ministre des Finances Pichai Chunahavajira propose des concessions tarifaires : suppression des taxes sur certains produits américains, autorisation des véhicules à conduite à gauche [sic] et révision des barrières non tarifaires. Bangkok se dit prêt à supprimer les droits sur 90 % des marchandises US tout en augmentant ses importations agricoles et énergétiques pour réduire l’excédent commercial de 46 milliards de dollars. Ces initiatives visent à éviter une contraction des exportations qui pourrait freiner la croissance économique.
La pression américaine s’étend à d’autres pays : l’Indonésie, nouvellement membre des BRICS, fait face à des menaces similaires pour sa politique de dédollarisation. Jakarta reste ferme malgré les répercussions. En parallèle, Washington multiplie les avertissements tarifaires, notamment à l’égard du Vietnam pour transbordement présumé de produits chinois.
Si les États-Unis adoptent une posture dure, qualifiée de « propositions ambitieuses », la Thaïlande maintient une ligne équilibrée : ouverture au dialogue sans renoncer à son autonomie politique. La position thaïlandaise met en lumière la complexité d’un monde multipolaire, où commerce, stratégie militaire et influence diplomatique s’entrelacent étroitement.