
Les dirigeants de l’Asie du Sud-Est se sont réunis cette semaine au Laos pour tenter de trouver une issue à la crise birmane, induite par le coup d’État militaire de 2021. La Thaïlande propose une « consultation informelle » des membres de l’ASEAN pour relancer le dialogue, en décembre 2024.
Le plan de paix en cinq points de l’ASEAN, initialement proposé pour résoudre le conflit, il y a trois ans n’a guère progressé. La junte birmane refuse tout dialogue avec ses opposants, tandis que les efforts d’autres pays comme l’Indonésie sont restés infructueux.
La proposition thaïlandaise vise à compléter les initiatives existantes de l’ASEAN, mais sans impliquer la Chine et l’Inde, frontalières de la Birmanie. Cependant, certains experts soulignent le risque de se laisser entraîner dans les plans de la junte, comme l’organisation d’élections unilatérales. La Thaïlande est naturellement proche de la junte birmane car l’armée joue également un rôle prépondérant à Bangkok.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a souligné le manque de progrès dans les efforts pour amener la junte birmane à réduire la violence et à libérer les prisonniers politiques. Il a appelé à maintenir la pression sur le régime.
L’ASEAN, souvent critiquée pour son inefficacité, est confrontée à un véritable test. Le principe de non-ingérence, cher à l’organisation, est mis à mal par la crise birmane. Les membres de l’ASEAN doivent trouver un équilibre entre le maintien de l’unité et l’exigence d’une action plus ferme face aux violations des droits de l’homme.
Le Laos, président en exercice de l’ASEAN, a souligné l’importance de la coopération régionale. Communiste et proche de la Chine, le Laos ne s’inquiète pas outre mesure des violations des droits de l’homme. Les divergences d’intérêts entre les membres de l’ASEAN et la complexité des enjeux régionaux rendent toute solution facile illusoire.
Le succès de toute initiative dépendra de la pression exercée sur la junte birmane, très mesurée jusqu’à maintenant. Malheureusement, le représentant du Myanmar a exhorté mardi les ministres des affaires étrangères de l’ASEAN « à comprendre et à sympathiser » avec la junte et à utiliser un « langage plus modéré » pour discuter de la crise. Dans ces conditions, on voit mal comment l’initiative thaïlandaise pourrait aboutir à un résultat qui respecterait la population birmane en tordant le bras de la junte.
Outre la crise birmane, les tensions en mer de Chine méridionale dominent les discussions Les Philippines et dans une moindre mesure le Vietnam sont concernés. Les dirigeants de l’ASEAN doivent faire face à des pressions de puissances régionales et mondiales, comme les États-Unis, la Chine, l’Inde et la Russie.