
Face à l’ampleur des réseaux de centres d’appels frauduleux opérant depuis le Cambodge, le Premier ministre thaïlandais Anutin Charnvirakul a annoncé une opération nationale pour lutter contre la cybercriminalité. Il a nommé l’ancien haut gradé de la police, Permpoon Chidchob, à la tête d’une cellule spéciale regroupant toutes les agences concernées.
Cette initiative intervient après la disparition de plus de 80 ressortissants sud-coréens, piégés par des offres d’emploi fictives dans des centres d’escroquerie cambodgiens. Le Bureau d’enquête sur la cybercriminalité thaïlandais a confirmé qu’une réunion d’urgence se tenait le 16 octobre pour définir des mesures d’aide. Selon les autorités, les méthodes utilisées contre les Sud-Coréens sont similaires à celles employées contre les Thaïlandais : 80 % des personnes arrêtées savaient qu’elles rejoignaient des réseaux frauduleux, attirées par des salaires élevés, tandis que 20 % ont été contraintes sous la menace de violences, comme des électrochocs.
La lenteur de la réponse gouvernementale thaïlandaise suscite des critiques. Le député Rangsiman Rome a interpellé Anutin sur Facebook, appelant à une action ferme, alors que les États-Unis, le Royaume-Uni et la Corée du Sud ont déjà lancé des opérations pour démanteler ces réseaux. Anutin a répondu qu’il n’avait pas disparu, mais était « très occupé par le travail ».
La Thaïlande a salué les mesures américaines contre les escroqueries en ligne en Asie du Sud-Est, affirmant partager leur volonté de poursuivre les responsables. Le ministère des Affaires étrangères a réaffirmé l’engagement du pays à renforcer la coopération internationale pour éradiquer ces crimes liés à la traite humaine, au travail forcé et au blanchiment d’argent.
Les États-Unis ont inculpé Chen Zhi, président du conglomérat cambodgien Prince Holding Group, pour fraude et blanchiment. Il est accusé d’avoir exploité des centres d’appels pour escroquer des investisseurs, utilisant les gains pour acheter yachts, jets et même un tableau de Picasso. Le Trésor américain estime que les escroqueries basées en Asie ont coûté plus de 10 milliards de dollars aux Américains en 2024, une hausse de 66 % par rapport à l’année précédente.
Force est de constater que les centres d’appels continuent de prospérer en Birmanie. En Thaïlande, des malfaiteurs, souvent chinois, ont mis en place de nombreux centres d’appel de dimensions plus modestes pour passer inaperçus. Les descentes de police quasi quotidiennes l’attestent. Certains observateurs prétendent que des personnalités thaïlandaises importantes sont complices des mafias chinoises des centres d’appel, qu’ils soient installés à l’étranger ou en Thaïlande.