
La Thaïlande reste un État bureaucratique profondément enraciné, malgré une tendance mondiale vers des gouvernements plus efficaces et plus légers. Des pays comme les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Vietnam ont entrepris des réformes pour réduire leurs effectifs gouvernementaux et améliorer l’efficacité. La France et la Thaïlande, pays centralisés à l’extrême, veulent toujours plus de fonctionnaires, dont certains n’ont pas prouvé leur efficacité.
Aux États-Unis, le Département de l’efficacité gouvernementale, supervisé par Elon Musk, vise à réduire les effectifs fédéraux en demandant aux fonctionnaires de justifier leur utilité. Sans aller jusqu’à ces mesures extrêmes, caricaturales, provocatrices et finalement contre-productives, la Grande-Bretagne prévoit de supprimer 10 000 emplois gouvernementaux d’ici 2030 en utilisant l’IA pour rationaliser les opérations. Le Vietnam, qui s’y connait en administration communiste, envisage de réduire de 100 000 le nombre de ses fonctionnaires pour éliminer la bureaucratie superflue.
Ces initiatives visent à améliorer l’efficacité et à réduire les coûts, offrant des avantages compétitifs que la Thaïlande pourrait exploiter.
Le Dr Olarn Thinbangtieo, de l’Université Burapha, souligne que, sans réforme, la Thaïlande pourrait faire face à des problèmes complexes en matière de commerce et d’investissement. Les démarches administratives longues, incompréhensibles et possiblement idiotes et humiliantes, découragent les investisseurs étrangers et favorisent la corruption.
La bureaucratie thaïlandaise, obsolète et centralisée, n’a pas évolué avec la société et l’économie. Elle est devenue un obstacle, notamment pour les investisseurs, en raison de sa complexité et de son opacité.
Le groupe de réflexion indépendant, 101 Public Policy Think Tank, révèle qu’en 2022, le budget du personnel du gouvernement thaïlandais représentait 42 % des dépenses publiques totales, soit plus du double de la moyenne internationale de 19,4 % (21 % en France).
Dans le même temps, la Banque mondiale note l’efficacité de l’administration thaïlandaise entre 4 et 6 sur 10 malgré les fortunes investies.
Plus de trois millions de personnes travaillent dans le secteur public thaïlandais, avec une masse salariale de 800 milliards de bahts. Cependant, la qualité des services publics, comme l’éducation, reste médiocre malgré ces dépenses élevées. Plus le budget du ministère de l’Éducation augmente, moins le niveau des élèves progresse, alors que la gestion est parfois contestable selon les observateurs..
La réforme bureaucratique en Thaïlande a été entravée par des efforts de centralisation du pouvoir, réduisant l’indépendance des administrations locales. La décentralisation prévue par la loi n’a pas été mise en œuvre.
La junte de Prayut Chan-o-cha a encore plus centralisé le pouvoir et a réduit l’indépendance des administrations locales. « Leur indépendance a été réduite de 50 % », a estimé Olarn. « Lorsqu’elles doivent résoudre des problèmes locaux, elles sont toujours soumises à des réglementations complexes et à une signature de Bangkok. »
Un autre universitaire, Dr Nuttakorn Vititanon, de Chiang Mai, affirme « Les pouvoirs en place (le régime) tirent profit de la structure actuelle et ne sont donc pas motivés à décentraliser ». D’ailleurs, pour certains observateurs, les hauts fonctionnaires bangkokiens font partie du régime.