L’ambassade de Thaïlande au Myanmar a décidé de freiner le nombre croissant de demandes de visa pour faire face à un afflux de citoyens birmans fuyant vers la Thaïlande. Ils cherchent à éviter le service militaire obligatoire en avril.
L’ambassade de Thaïlande a annoncé sur son compte Facebook qu’elle n’accepterait que 400 demandes de visa par jour.
L’ambassade fournit des tickets numérotés à ceux qui souhaitent demander un visa à partir de 8h30 chaque jour ouvrable.
Un ticket de file d’attente est réservé à une candidature et ne peut pas être transféré à d’autres candidats. L’ambassade mettra sur liste noire et rejettera les candidatures de ceux qui falsifient les numéros de file d’attente ou les transfèrent à d’autres.
L’ambassade a également déclaré que les titulaires d’un passeport birman peuvent entrer en Thaïlande à des fins touristiques sans visa pour une durée maximale de 14 jours.
Des sources au Myanmar ont déclaré que les ressortissants du Myanmar se sont présentés en grand nombre à l’ambassade de Thaïlande à Yangon pour demander un visa. Ce nombre est estimé à 1000 ou 2000 par jour, selon les sources.
L’armée au pouvoir au Myanmar, après un coup d’état, prévoit d’appeler les jeunes au service obligatoire à partir d’avril et d’exiger également que du personnel de sécurité à la retraite serve, ont déclaré les médias citant un porte-parole de la junte, alors que l’armée lutte pour écraser une insurrection.
Le Myanmar est en proie à des troubles depuis que l’armée a pris le pouvoir à un gouvernement élu lors d’un coup d’État en 2021. La junte prévoit d’appeler davantage de personnes au combat.
La junte a décrété samedi dernier l’application d’une loi de 2010 imposant un service militaire d’au moins deux ans pour tous les hommes âgés de 18 à 35 ans, et les femmes âgées de 18 à 27 ans. Mardi, elle a annoncé que cela commencerait en avril.
Cette décision a fait suite à une récente série de revers pour les généraux au pouvoir depuis le coup d’État de 2021, contestés dans plusieurs régions par ses adversaires ethniques et politiques.
Les autorités militaires n’ont pour le moment pas détaillé leur plan, mais l’incertitude a poussé de nombreux jeunes à prendre les devants.
La plupart des entreprises, des restaurants sont tenus par des jeunes. S’il n’y a plus de jeunes dans ce pays, la plupart de ceux-ci devront fermer, assurent les Birmans eux-mêmes.
Le porte-parole de la junte, Zaw Min Tun, a justifié samedi dernier la nécessité d’un service militaire par la situation que connaît le pays.
Près de 13 millions de personnes sont éligibles à la conscription, a-t-il indiqué, bien que l’armée n’a les moyens d’en entraîner que 50.000 par an.
C’est difficile pour nous d’entraîner ne serait-ce que 0.5% de la population éligible, a-t-il déclaré, dans un communiqué.
Cette décision montre l’état désastreux de l’armée, confrontée à de nombreuses pertes, à un faible recrutement et à une crise de confiance dans les rangs, a analysé Richard Horsey, expert auprès de l’International Crisis Group.
Depuis le putsch qui a renversé la dirigeante élue et prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi, la répression a tué plus de 4.500 personnes, selon les observateurs.
De facto, si la Thaïlande restreint le nombre de visas pour les jeunes qui veulent fuir cette conscription, elle fait le jeu de la junte. L’armée thaïlandaise, habituée à fomenter des coups d’état, n’a jamais caché ses sympathies pour l’armée birmane.
La Thaïlande, en particulier sous la coupe du putschiste Chan-o-cha, a systématiquement torpillé les efforts de l’ASEAN, emmenée par l’Indonésie, pour trouver une solution humainement acceptable en Birmanie.
