
L’armée de l’air exige 3 milliards de bahts d’indemnisation des aéroports thaïlandais (AOT) pour l’utilisation possible du parcours de golf de Kantarat, situé entre les deux pistes principales de l’aéroport, pour l’agrandissement de l’aéroport international Don Mueang, a déclaré Jirayu Huangsap, porte-parole du ministère de la Défense aujourd’hui.
A aucun moment, l’armée n’a proposé de payer l’État alors qu’elle utilisait un terrain appartenant au peuple pour en faire un golf. On verra plus bas que c’est à l’armée de payer un loyer au gouvernement et non l’inverse.
La commission parlementaire sur le transfert des activités militaires a invité des représentants d’AOT, de l’armée de l’air et de l’autorité de l’aviation civile de Thaïlande (entre autre) à discuter de la reprise par AOT du terrain du terrain de golf de Don Mueang pour l’agrandissement de l’aéroport, a déclaré Jirayu, qui est également président de la commission parlementaire.
Kirati Kitmanawat, président d’AOT, a déclaré lors de la réunion que, pour le bien de la sécurité aérienne, la reprise du golf est nécessaire. Kirati a noté qu’à plusieurs reprises, des golfeurs ont enfreint les restrictions en conduisant des voiturettes de golf sur les voies de taxi des avions, malgré les signaux.
Le représentant de la RTAF, le vice-maréchal Thanachai Arkartwattana, a insisté sur le fait que le terrain de golf répond aux normes de sécurité aérienne et que la RTAF a strictement maintenu la sécurité de l’aéroport. Il a évalué la valeur du terrain de golf à environ 100 millions de bahts par an. Ainsi, si l’AOT souhaite l’utiliser pendant 30 ans, la compensation que la RTAF devrait recevoir est de 3 milliards de thb.
Jirayu a déclaré qu’il rédigerait un rapport sur la question qui serait soumis au gouvernement.
Le fait que l’armée considère légitime de posséder un golf qui finalement appartient au peuple thaïlandais comme toute l’armée elle-même pose la question de ses activités économiques.
Les activités économiques militaires sont divisées en trois catégories :
– le bien-être des soldats et de leurs familles ;
– les entreprises générales, telles que les stations-service et les magasins de détail ;
– et des entreprises spéciales, telles que stades de boxe, terrains de golf, hôtels et centres de villégiature.
Il n’existe pas de critères clairs pour catégoriser les entreprises. Toutes les entreprises, dont plus de 50 % des clients sont civils sont tenues de payer des frais de location pour l’utilisation des terrains au Département du Trésor, conformément aux règlements de 2004 sur les agences d’État.
Dans de nombreux cas, comme les stations-service PTT, les 7-Eleven et Amazon Café, les unités militaires ont simplement fourni des espaces à louer au secteur privé. Les militaires ne reçoivent que des loyers comme revenus de ces entreprises.
Depuis la signature du protocole d’accord de 2020, l’armée a identifié 60 entreprises sous son contrôle qui étaient tenues de payer un loyer au département du Trésor, mais seulement 25 d’entre elles, dont quatre complexes hôteliers à Prachup Khiri Khan, Chiang Mai et Chiang Rai et Phetchaburi paient, selon les témoignages fournis par des officiers à la commission parlementaire en février. Aucune poursuite n’a été envisagée contre les entreprises de l’armée qui ne paient rien et donc bafouent la loi.
Les officiers affirment qu’ils ne sont pas impliqués dans des intérêts commerciaux, mais qu’ils dirigent certaines entreprises uniquement dans le but de générer des revenus pour le bien-être des troupes, comme une sorte de « caisse noire » dont la gestion est complètement opaque.
Aucune loi n’autorise les forces armées et leur personnel à s’impliquer dans des activités commerciales. La junte militaire, qui a pris le pouvoir en octobre 1976 et dont l’ordre est toujours en vigueur, a même interdit aux militaires et aux policiers de faire des affaires.
Le ministère du Commerce a toutefois déclaré que 36 agences militaires relevant de la juridiction du ministère de la Défense détenaient de nombreuses actions dans de nombreuses entreprises. Le but des actions est prétendument de générer des revenus supplémentaires toujours pour cette « caisse noire ».
Des participations dans la TMB Thanachart Bank, anciennement Thai Military Bank, sont détenues par de nombreuses unités militaires.
La Navaminda Kasatriyadhiraj Royal Thai Air Force Academy détient des actions dans Thai Airways.
L’Air Force Welfare Fund détient des participations dans Thai Aviation Industries et Bangchak Corporation.
Des agences gérées par l’armée détiennent des participations dans Saha Life Insurance Co.
L’Institut de technologie de défense, relevant du ministère de la Défense, détient des actions dans de nombreuses sociétés privées liées à son domaine, notamment Advanced Defense Technology and Innovation, Thai Defence Industry et Aero Technology Industry.
Le Fonds de protection sociale de la chaîne de télévision de l’armée, TV5, détient des participations dans Siam Medical Company, qui gère l’hôpital Paolo Memorial.
La Marine détient des parts dans Bangkok Expressway and Metro (autoroutes et MRT).
Mais c’est évidemment le fait que l’armée possède une chaîne de télévision qui interpelle les Thaïlandais. Les dirigeants de TV5 (l’armée) ont témoigné à plusieurs reprises devant la commission parlementaire. Ils arguent que TV5 possèdent deux multiplexeurs – un système de transmission de données numériques mieux connu sous le nom de MUX – pour des raisons de sécurité. Ils ont avoué que l’entité juridique de la chaîne de télévision est une agence relevant de la juridiction de l’armée.
TV5 a signalé des pertes financières au cours des six dernières années en raison du déclin des publicités et de la concurrence acharnée dans l’industrie des médias.
Les deux systèmes de transmission multiplexeurs, acheminant les signaux numériques vers 14 chaînes de télévision, ont généré près d’un milliard de bahts de revenus par an pour TV5, selon un responsable qui a témoigné devant la commission parlementaire.
Bien que TV5 ne soit pas financièrement viable, son directeur, Tavinan Kongkran, a déclaré que l’armée en avait besoin à des fins de sécurité plutôt que pour réaliser des bénéfices. Les contenus diffusés par TV5 concernant la sécurité et les affaires militaires ne représentaient que 15% du temps d’antenne total, le reste étant constitué d’émissions de divertissement, de sport et de variétés.