
Le 10 août 2025, lors d’une cérémonie au camp militaire de Suranaree à Nakhon Ratchasima, le président du Parlement thaïlandais, Wan Muhammad Noor Matha, menant une délégation a remis des « cadeaux » aux soldats déployés à la frontière avec le Cambodge. Cette initiative visait à soutenir les troupes engagées dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays.
Mais c’est surtout l’intervention du lieutenant-général Boonsin Padklang, commandant de la deuxième région de l’armée, qui a marqué les esprits par son ton résolument belliqueux. Devant les médias, il a affirmé que les pertes cambodgiennes s’élevaient à environ 3 000 soldats, tout en exprimant une compassion ambiguë envers des militaires « contraints d’obéir aux ordres ». Il a ensuite accusé le Cambodge de mener des vols de drones au-dessus de sites militaires sensibles en Thaïlande, notamment des hôpitaux et des dépôts d’armes, et a évoqué la nécessité de construire des centres de commandement souterrains en prévision d’un futur conflit.
Boonsin a explicitement accusé la partie cambodgienne de vouloir s’emparer de la zone autour du temple de Ta Muen Thom avec des milliers de soldats. Il a également détaillé les tentatives infructueuses de l’armée thaïlandaise pour pénétrer dans le temple de Ta Kwai, situé à proximité d’une base cambodgienne fortement minée. Malgré ces échecs, il a martelé que ce temple constitue une « forteresse thaïlandaise » qu’il faut impérativement reconquérir, illustrant une posture offensive assumée.
« La partie cambodgienne cherche délibérément les coordonnées de nos hôpitaux et elle dispose d’armes pour les atteindre. Ne croyez pas que ce soit un problème lointain. Je pense que, lors de la prochaine guerre, nous pourrions avoir besoin de centres de commandement souterrains », a déclaré Boonsin.
« Nous avons opéré pendant quatre jours dans onze sites différents. Nous sommes maintenant à 30 mètres de Ta Kwai, et leur base est juste à côté du temple, ce qui leur donne un avantage. Mais je confirme que c’est notre forteresse et que nous devons la reconquérir. Après les affrontements de Ta Muen Thom, nous avons fermé le temple, une décision qui devra être réexaminée par un comité », a-t-il ajouté.
Lorsque Boonsin affirme que ces temples sont thaïlandais, il ne tient pas compte des cartes internationalement reconnues qui les places régulièrement au Cambodge.
Devant le ton péremptoire de Boonsin, le grand journaliste Pravit Rojanaphruk se pose alors la question « Pourquoi, ne pas laisser le lieutenant-général Boonsin , « le tout-puissant », occuper simultanément les postes de Premier ministre, porte-parole du gouvernement, ministre des Affaires étrangères, etc. »,
De son côté, le ministère cambodgien de la Défense a vivement condamné les déclarations du commandant de la 2e région de l’armée thaïlandaise, Boonsin Padklang. Phnom Penh y voit une provocation flagrante et une tentative préméditée d’empiéter sur son territoire. Ces propos violent l’accord de cessez-le-feu du 28 juillet 2025 et compromettent les engagements pris lors de la réunion bilatérale du 7 août en Malaisie. Le Cambodge appelle la Thaïlande à respecter ses engagements et exhorte la communauté internationale à faire pression pour préserver la paix et la stabilité à la frontière.
Il est évident que toute tentative pour « reprendre » un temple en temps de cesser-le-feu sera considéré comme une violation de celui-ci.