
Le quorum est loin d'être atteint
Le Parti Bhumjaithai a décidé de ne pas participer à la tentative de Pheu Thai et du Parti du peuple de modifier l’article 256 de la Constitution pour permettre la rédaction d’une nouvelle Constitution. Bumjaithai, aligné sur le Régime et sur l’armée, estime que cette modification contredit une décision de la Cour constitutionnelle de 2021, qui exige un référendum préalable.
Deux projets de loi de modification de la charte, proposés par Pheu Thai et l’opposition (Parti du peuple), devaient être débattus au Parlement. Cependant, le secrétaire général de Bhumjaithai, Chaichanok Chidchob, a annoncé que son parti ne participerait pas au débat.
Le chef du parti Bhumjaithai, Anutin Charnvirakul, par ailleurs vice-premier ministre, a souligné que cette position respecte la décision de la Cour constitutionnelle et n’est pas une obstruction contre le Pheu Thai, son partenaire au sein de la coalition. Il a informé la Première ministre et d’autres leaders de Pheu Thai.
Après le retrait des députés de Bhumjaithai, le Parlement a voté sur une requête urgente demandant une décision de la Cour constitutionnelle sur la nécessité d’un référendum avant toute modification de la charte. Cette requête, soutenue par plus de 40 législateurs, vise à garantir que le processus est conforme à la procédure légale. Le sénateur Premsak Piayura a insisté sur le fait que cette motion vise à éviter des problèmes futurs et non à bloquer les amendements.
De toute façon, la tentative pour modifier la Constitution s’est arrêtée là, faute de quorum lors de la séance conjointe du Sénat et de la Chambre. Seuls 204 députés et sénateurs étaient présents, moins que la moitié nécessaire pour constituer un quorum. La réunion a été ajournée.
Le débat sur les projets de loi de modification n’avait pas commencé avant l’ajournement. Le député Sutin Klungsang a déclaré que le parti Pheu Thai avait décidé de demander d’abord une décision de la Cour constitutionnelle pour poursuivre les modifications de la charte.
La Première ministre Paetongtarn Shinawatra a expliqué que l’ajournement de la session parlementaire sur la réécriture de la charte est dû à des désaccords avec le Sénat. Le Bumjaithai « contrôle » le Sénat de manière occulte, puisque les sénateurs n’ont pas le droit de « faire de la politique ».
Elle a souligné que chaque parti a droit à sa propre opinion, évitant de critiquer le partenaire de la coalition, Bhumjaithai, pour son retrait.
Elle a mentionné que des divergences entre les deux chambres sont normales et que des discussions avec les partenaires de la coalition sont essentielles. Bien que certains partis souhaitent impliquer la Cour constitutionnelle pour garantir le respect des procédures, elle a affirmé que le respect des opinions divergentes est crucial dans un gouvernement de coalition.
Sa position très neutre confirme l’impression des observateurs : le Pheu Thai n’a pas tellement envie de récrire la constitution, car cela déplait au Régime et à l’armée.
Pourtant, le parti au pouvoir Pheu Thai a nié utiliser des tactiques dilatoires pour retarder la réécriture de la charte. Le vice-premier ministre Phumtham Wechayachai a rejeté les accusations de manœuvres politiques, affirmant que Pheu Thai restait fidèle à sa politique et continuerait à faire pression pour la révision de la charte.
Le parlement est donc divisé en trois.
- – Le Bumjaithai qui reste collé à l’armée et ne veut pas voir dilapider l’héritage du putschiste Prayut Chan-o-cha qui était parvenu à verrouiller toute réforme grâce à une Constitution largement critiquée.
- – Le Pheu Thai, qui souhaite et qui doit récrire la Constitution (sauf les deux premiers articles qui concernent la monarchie), mais qui a peur de froisser l’armée, car cela mène à la dissolution du parti à moyen terme.
- – Le Parti Populaire qui veut une nouvelle Constitution plus moderne et en phase avec un pays moderne, mais qui pourrait être rapidement dissous.
On le voit ailleurs, un parlement divisé en trois ne fonctionne pas.
Pour l’excellent observateur de CNA, Saksith Saiyasombut : « la quasi-impossibilité d’aller de l’avant a été voulue par la junte : tous ces échecs sont une caractéristique de la Constitution de 2017 et pas un simple bogue. »