
Photo Khmer Times
Le Cambodge a officiellement exhorté la Thaïlande à régler un différend frontalier de longue date devant la Cour internationale de justice, à la suite de la dernière session du Comité mixte Cambodge-Thaïlande sur la frontière et la démarcation (JBC), qui s’est tenue ce week-end à Phnom Penh.
Dans un communiqué officiel publié le 15 juin, le Secrétariat d’État aux affaires frontalières du Cambodge a confirmé que la réunion de deux jours s’était conclue par un accord sur quatre points de l’ordre du jour, notamment des mesures visant à faire progresser la cartographie technique et les relevés frontaliers sur place. Cependant, des tensions sont apparues concernant quatre zones de temples contestées : Mom Bei, Ta Moan Thom, Ta Moan Toch et Ta Krabei.
Le ministre cambodgien Lam Chea a appelé son homologue thaïlandais, Prasas Prasasvinitchai, à soumettre conjointement l’affaire à la CIJ. Il a averti que le Cambodge agirait unilatéralement si la Thaïlande persistait à rejeter la compétence de la Cour. Il a également déclaré que ces sites ne seraient plus abordés dans le cadre de la CJB.
Malgré cette position ferme, Lam a réitéré l’engagement du Cambodge en faveur d’une résolution pacifique. Il a souligné la volonté du pays de poursuivre les efforts conjoints de démarcation en dehors des zones contestées qui sont à l’origine du conflit.
Le Cambodge a également clairement indiqué son refus de reconnaître toute carte dessinée par la Thaïlande qui n’aurait pas fait l’objet d’un accord mutuel, les citant comme étant à l’origine de conflits actuels et futurs. La réunion s’est terminée par la signature du compte rendu et l’engagement de se réunir à nouveau en septembre.
La Thaïlande a été profondément déçue par le refus persistant du Cambodge de « coopérer ». Le ministère thaïlandais des Affaires étrangères a déclaré dans un communiqué que la volonté du Cambodge de s’en ternir aux cartes et d’aller devant la CIJ reflétait un manque de détermination à résoudre les questions sensibles.
De nombreux Cambodgiens ont afflué au poste-frontière de Ban Klong Luek, à Sa Kaeo, par crainte d’une fermeture soudaine après des rumeurs alimentées par des déclarations des Premiers ministres cambodgiens Hun Sen et Hun Manet. Cette affluence a été aggravée par la fermeture inattendue du poste de Ban Laem, provoquant embouteillages et tensions.
Une montée inquiétante de discours nationalistes et anti-migrants a envahi les réseaux sociaux thaïlandais, certains appelant à la violence contre les Cambodgiens en Thaïlande. Des groupes d’extrême droite ont proféré des menaces, ciblant les travailleurs migrants, suscitant chez eux une forte insécurité. L’armée thaïlandaise a également lancé une campagne de communication en ligne pour renforcer le patriotisme et soutenir ses soldats.
Un sondage NIDA révèle que la majorité des Thaïlandais font davantage confiance à l’armée qu’au gouvernement pour gérer le conflit frontalier avec le Cambodge. L’armée bénéficie d’un fort taux de confiance (plus de 62 %), tandis que le gouvernement et le ministère des Affaires étrangères suscitent majoritairement méfiance et insatisfaction. Par ailleurs, près de 70 % des sondés affichent un nationalisme marqué, sensible aux enjeux de souveraineté.
Cette « propagande » convainc les Thaïlandais que les trois temples contestés sont les leurs sans étudier la carte officielle. Comme les Cambodgiens, carte en main, sont persuadés de la même chose, la « guerre la plus bête du monde » pourrait survenir pour quelques mètres carrés.
Enfin, on ne sait pas pourquoi la famille Hun, Sen et Manet, s’est cabrée, voire braquée depuis quelques semaines, en adoptant une attitude provocatrice.