
Le tribunal provincial de Narathiwat a émis des mandats d’arrêt contre six accusés -dans l’affaire Tak Bai- qui ne se sont pas présentés au tribunal jeudi.
En outre, le tribunal a convoqué le général Pisarn Wattanawongkiri, ancien commandant régional de l’armée et actuel député du parti au pouvoir Pheu Thai, qui est le principal accusé et qui est actuellement en session parlementaire, pour assister à la prochaine audience prévue le 15 octobre.
MISE à JOUR : Pisarn Wattanawongkiri aurait quitté la Thaïlande. Il parle de traitement médical ce qui ne manque pas d’interroger puisque le système de santé du royaume est l’un des meilleurs du monde qui attire des millions de malades étrangers.
Contexte : Le 25 octobre 2004, plus de 2 000 manifestants se sont rassemblés devant le commissariat de police de Tak Bai, dans la province de Narathiwat, pour exiger la libération de six hommes musulmans malais qui auraient été détenus arbitrairement. Les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes, de canons à eau et de balles réelles, entraînant la mort de sept manifestants, dont cinq par balle. Environ 1 370 hommes détenus ont ensuite été transportés au camp militaire d’Ingkayut Borihan à Pattani, à 150 km de là dans des conditions que l’on peut qualifiées de criminelles. Au cours du transport, 78 musulmans sont morts par écrasement ou asphyxie, et de nombreux survivants ont subi de graves blessures et des handicaps permanents. On a donc relevé au total 85 cadavres.
Cette répression cruelle avait été ordonnée par le premier ministre de l’époque Thaksin Shinawatra en coopération avec l’armée. Ce genre de « massacre passif » de l’armée a attisé la rancœur, voire la colère, de la population musulmane du Sud contre l’armée et le gouvernement de Bangkok.
Si les accusés, responsables de ces 85 morts, ne comparaissent pas avant le 25 octobre, l’affaire pourrait être prescrite. Ce serait un nouveau motif de colère dans le Grand Sud.
Outre le général Pisarn, les six accusés qui n’ont pas comparu devant le tribunal pour répondre des accusations de meurtre, de tentative de meurtre et de complot sont :
- Général Chaloemchai Virunphet, ancien commandant de la cinquième division d’infanterie, 73 ans
- Général Wongkot Maneerin, ancien directeur du commandement de la police royale thaïlandaise, 73 ans
- Lieutenant-général Manote Kraiwong, ancien commandant du Bureau provincial de la police, 77 ans
- Le général de division Saksommai Phutthakul, ancien chef du commissariat de Tak Bai, 70 ans
- Siwa Saengmanee, ancien chef du SBPAC, 78 ans
- Wichom Thongsom, ancien gouverneur de Narathiwat, 78 ans
Rutsada Manuraksa, avocat des familles des victimes, a rapporté que 48 personnes ont déposé une plainte liée à la « dispersion mortelle » de la manifestation au commissariat de police de Tak Bai.
L’absence prolongée des accusés suscite des inquiétudes quant à leurs intentions et au risque de déni systémique des droits de l’homme dans le Grand Sud, compte tenu de leurs anciens postes de haut rang.
Les plaignants sont prêts à accepter la décision du tribunal mais exhortent les accusés à reconnaître leurs actes. Au-delà des personnes accusées, c’est la façon dont l’État traite le Grand Sud depuis 100 ans qui est en cause ici.