
Fin de cavale pour She Zhijiang. L’homme d’affaires sino-cambodgien de 43 ans, soupçonné d’avoir dirigé un empire du jeu illégal en ligne, a été extradé mercredi 12 novembre de la Thaïlande vers la Chine, après plus de trois ans de bataille judiciaire.
Arrêté à Bangkok en août 2022 sur la base d’un mandat d’Interpol émis à la demande de Pékin, She était recherché pour avoir fondé et géré plus de 239 sites de jeux d’argent, avec un flux financier estimé à plus de 12 600 milliards de bahts. Il est également accusé d’avoir construit deux casinos à Shwe Kokko, une zone économique spéciale à la frontière entre la Birmanie et la Thaïlande, devenue un haut lieu du crime organisé régional.
Escorté par une unité du Bureau central d’enquête (CIB), She a été transféré de la prison de Bangkok à l’aéroport de Suvarnabhumi, menotté et entouré de policiers masqués. Une image rare en Thaïlande, qui souligne la sensibilité du dossier.
La Cour d’appel thaïlandaise a validé lundi 10 novembre l’ordre d’extradition émis en 2024, après confirmation par la Cour constitutionnelle. Les autorités thaïlandaises disposent de 90 jours pour finaliser la procédure, désormais enclenchée.
Né en Chine, She a quitté l’école à 14 ans pour se former à la programmation. Il aurait lancé ses activités de jeux en ligne aux Philippines avant d’étendre son empire au Cambodge, en Birmanie et au-delà. Son projet phare : le complexe de Shwe Kokko, évalué à 15 milliards de dollars, mêlant casinos, tourisme et activités illicites.
Washington et Londres ont sanctionné She et son entreprise Yatai pour leur rôle présumé dans des réseaux de fraude, de traite humaine et d’escroqueries en ligne. Selon l’ONU, ces réseaux auraient généré des milliards de dollars, exploitant des milliers de personnes dans des « usines à arnaques » en Asie du Sud-Est.
She nie toute implication criminelle. Son avocat américain dénonce une affaire « politique » et craint que son client ne soit privé de procès équitable en Chine. Il redoute des actes de torture ou une disparition forcée.
Alors que Pékin intensifie sa lutte contre les escroqueries transfrontalières, cette extradition marque un tournant dans la coopération judiciaire régionale, sur fond de pressions diplomatiques croissantes.



