
Le ministère de l’Éducation thaïlandais introduit un nouveau programme basé sur l’alphabétisation dans 4 400 écoles publiques, mais cette réforme suscite des controverses. Les enseignants n’en ont été informés qu’en mars, et la formation a eu lieu récemment, laissant peu de temps pour se préparer. La rentrée scolaire a lieu cette semaine.
Ce programme, expérimenté auprès des élèves du préscolaire et de Prathom 1-3 (CP – CE2), vise à renforcer les compétences de lecture, écriture et mathématiques alors que les résultats du système scolaire thaïlandais sont catastrophiques comparés à ceux des autres pays.
L’évaluation ne se fera plus via un système de moyenne, mais selon quatre niveaux de compétence. Les matières traditionnelles seront remplacées par des cours axés sur des compétences pratiques, avec un rôle accru des enseignants comme coachs.
Des critiques émergent, notamment de la part d’Athapol Anunthavorasakul, professeur à Chulalongkorn, qui estime que la mise en place précipitée crée de la confusion et une charge de travail excessive pour les enseignants. Certains redoutent également que ce programme transforme les écoles en laboratoires d’expérimentation.
L’Obec (Bureau de l’éducation de base) espère que ce projet améliorera l’éducation et pourrait l’étendre aux niveaux supérieurs s’il est efficace. Cependant, des ajustements seront nécessaires pour garantir une transition fluide et éviter les problèmes liés au manque de préparation.
À l’autre bout du parcours scolaire, la récente révision du manuel d’histoire pour les lycéens a suscité des interrogations sur la composition du comité de rédaction, qui inclut des personnalités militaires et sécuritaires aux côtés d’historiens et d’éducateurs. Certains membres, connus pour leurs positions ultra conservatrices, n’ont pas d’expérience historique avérée.
Le manuel introduit des modifications contestées. Notamment, il affirme que les étudiants massacrés le 6 octobre 1976 « soutenaient les mouvements communistes », alors qu’ils étaient auparavant seulement « accusés » de sympathies communistes. Par ailleurs, les sections dédiées aux monarques ont été déplacées vers un site web externe.
Tanawat Suwannapan, professeur d’histoire, souligne que le manuel, bien que peu utilisé à cause de son coût, reflète une orientation politique influencée par le régime. Il rappelle que les manuels scolaires servent souvent d’outil idéologique.
Cette révision confirme une tendance observée depuis longtemps : l’enseignement de l’histoire en Thaïlande n’est pas neutre. Par ailleurs, le gouvernement du général Prayut Chan-o-cha puis celui du Pheu Thai, dont le ministre de l’Éducation est un policier du Parti Bumjaithai, ont ajouté des heures d’enseignement de « l’histoire » au détriment des autres matières, renforçant ainsi leur influence sur le contenu éducatif.