
Suthin, le ministre de la Défense, est annoncé partant lors du remaniement
Le Conseil de la Défense a donné son feu vert à une proposition autorisant le Premier ministre à suspendre les officiers supérieurs soupçonnés de fomenter un coup d’État militaire, a déclaré Jamnong Chaimongkol, vice-ministre de la Défense. La proposition qui vise à prévenir un coup d’État a été présentée lors de la réunion du Conseil de défense présidée par le ministre de la Défense Sutin Klungsang le 19 avril.
Le conseil a approuvé une proposition visant à modifier deux lois régissant les fonctions administratives du ministère de la Défense et la charte du tribunal militaire. Il précise également de nouveaux critères de promotion des généraux.
Les officiers supérieurs ne doivent jamais avoir été mafieux (personne influente) ou trafiquant de drogue / d’êtres humains ni avoir détruit des ressources naturelles. Ils ne doivent pas avoir été impliqués dans un conflit d’intérêts, comme avoir vendu du matériel au ministère.
Ils ne peuvent pas non plus faire l’objet de poursuites pénales, sauf pour négligence, diffamation ou délits mineurs.
Plus important encore, la proposition autorise le Premier ministre, avec l’approbation préalable du cabinet, à suspendre immédiatement de leurs fonctions les officiers supérieurs qui envisagent de déployer une force militaire pour prendre le pouvoir et renverser le gouvernement.
M. Jamnong a déclaré que la proposition de prévention du coup d’État était évoquée depuis un certain temps par des groupes civiques et le parti Pheu Thai au pouvoir.
M. Sutin, ministre de la Défense, a dirigé un groupe de travail chargé d’étudier la question avec des militaires invités à donner leur avis.
« Les personnes présentes à la réunion ont appuyé la proposition. Mais les commandants des forces armées n’ont pas exprimé leurs opinions », a-t-il déclaré.
Puisqu’il était difficile d’écrire une clause anti-coup d’État dans la constitution, qui est systématiquement déchirée par les putschistes, M. Jamnong a déclaré qu’il était plus logique d’en faire une loi. Cependant, notons que les putschistes, par nature hors-la-loi, auront tôt fait de suspendre la loi.
« C’est un concept dont nous avons beaucoup discuté dans les cercles pro-démocratie », a-t-il déclaré, faisant référence à l’époque où le Pheu Thai et le Move Forward s’opposaient à Prayut Chan-o-cha.
Les amendements pour prévenir les coups d’État seront désormais déposés devant le cabinet avant d’être soumis au Parlement pour délibération. Rien ne dit que le premier ministre osera aller de l’avant
M. Jamnong a déclaré que la réunion avait décidé d’abolir les tribunaux militaires dans les provinces.
Les parties lésées dans des affaires relevant de la compétence du tribunal militaire peuvent intenter une action en justice devant le tribunal pénal. En temps de guerre, les particuliers peuvent faire appel auprès de la Cour militaire suprême.
Le vice-ministre a déclaré que les amendements juridiques visaient à tenir compte des changements dans la société.
Les généraux sont vent debout contre ces « changements dans la société ». Les hauts commandants militaires craignent que le projet amène une ingérence politique dans les affaires des forces armées, selon une source militaire.
La partie de la loi qui déplaît le plus aux militaires précise de nouveaux critères de promotion des généraux.
La source a déclaré que les forces armées n’ont pas vu les détails de la proposition de loi que le ministre de la Défense Sutin Klungsang a demandé d’adopter lors de la réunion du conseil présidée par le général Somsak Rungsita.
Par ailleurs, le gouvernement veut faire passer le nombre de membres de cette commission de 7 à 9 et les deux nouveaux membres seraient des civils, affaiblissant ainsi l’influence des généraux. Le « Conseil des Sept Tigres », est chargé d’organiser des remaniements au plus haut niveau des officiers militaires.
Les » sept tigres » sont : le secrétaire permanent de la Défense, le chef des forces de défense et les commandants en chef de l’armée, de l’air et de la marine, ainsi que le ministre de la Défense et un vice-ministre de la Défense, le cas échéant. Un proche de Prayut donc des généraux serait bientôt nommé vice-ministre de la Défense, ce qui donne une voix de plus aux militaires.
Par ailleurs, les rumeurs affirment que le ministre de la défense Sutin Klungsang qui a tenté de garder son indépendance vis-à-vis des militaires serait débarqué lors du prochain remaniement, sans doute car les généraux veulent avoir les coudées franches.
Il serait remplacé par le premier ministre lui-même, Srettha Thavisin qui s’est montré plutôt compréhensif avec l’armée, ne serait-ce que pour éviter un Coup d’État.
Dans le cas où un gouvernement ne nomme pas de vice-ministre de la Défense, le Conseil des Sept Tigres compte six membres.
Les dirigeants des forces armées craignent que si plus de civils sont nommés au conseil, ils risquent de perdre leur pouvoir sur la composition des remaniements militaires. C’est évidemment là la clé du problème. Depuis 80 ans, l’armée ne se sent pas tenue d’obéir à un pouvoir élu par le peuple.
Avec une majorité de cinq voix en leur possession, les dirigeants des forces armées font ce qu’ils veulent et ils comptent bien continuer.