
La Thaïlande s’apprête à transformer radicalement son secteur du cannabis, en réduisant de manière drastique le nombre de dispensaires autorisés. Sur les 18 000 boutiques estimées en activité, seules 2 000 pourraient subsister d’ici fin 2025, selon le ministère de la Santé publique. La nouvelle réglementation impose une stricte réorientation vers un usage exclusivement médical, encadré par des prescriptions formelles et standardisées.
Les conditions de vente sont désormais soumises à des exigences précises : seul le cannabis prescrit par un professionnel agréé parmi sept disciplines médicales sera autorisé, via le formulaire Phor Thor 33. Les dispensaires devront également transmettre chaque mois leurs relevés de prescriptions et ventes. Une intégration de la télémédecine est à l’étude pour faciliter l’accès aux soins et aux ordonnances.
Ce resserrement réglementaire répond aux préoccupations suscitées par la forte augmentation des usages récréatifs depuis la dépénalisation en juin 2022, qui a engendré un marché estimé à plusieurs milliards de bahts. Pour garantir la sécurité des consommateurs, le gouvernement impose aussi des normes sanitaires strictes sur les produits, incluant des seuils de métaux lourds, pesticides, micro-organismes et champignons. À ce jour, 69 parcelles certifiées GACP produisent environ 72 000 kg de fleurs de cannabis séchées par an, tandis que 51 nouvelles parcelles attendent leur homologation pour doubler cette capacité.
Le volet central de cette réforme repose sur deux formations clés. Le 16 juillet démarre une session de formation médicale visant 2 000 praticiens, chargés de superviser les futurs cliniques de cannabis. Mais le tournant décisif aura lieu le 17 juillet, avec le lancement d’une formation massive pour le personnel des dispensaires. Environ 100 000 participants sont attendus pour acquérir les compétences indispensables à l’exercice dans ce nouveau cadre médicalisé, ce qui marque l’étape la plus structurante du plan.
Les inspections récentes menées sur 1 565 établissements ont déjà entraîné 82 suspensions, cinq révocations de licences, 322 fermetures et sept poursuites judiciaires. Cette dynamique témoigne d’un changement de cap assumé par les autorités, visant à encadrer strictement l’usage du cannabis et garantir que les pratiques commerciales futures soient conformes à des standards médicaux et éthiques renforcés.