
La scène politique thaïlandaise est une fois de plus plongée dans l’incertitude après la destitution de la Première ministre Paetongtarn Shinawatra par la Cour constitutionnelle. Ce bouleversement a immédiatement déclenché une série de manœuvres stratégiques parmi les principaux partis d’opposition. Le plus influent d’entre eux, le Parti du Peuple (PP) a posé ses conditions : il n’apportera son soutien à un candidat au poste de Premier ministre que si celui-ci s’engage à dissoudre le Parlement dans les quatre mois suivant son entrée en fonction et à initier une réforme constitutionnelle.
À peine cette déclaration faite, le deuxième parti d’opposition, Bumjaithai, ancien allié du Pheu Thai de Thaksin Shinawatra, a accepté ces conditions. Son leader, Anutin Charnvirakul, a même affirmé disposer de la majorité nécessaire, y compris grâce à des transfuges de la coalition gouvernementale, pour briguer le poste de Premier ministre. Une ambition rapidement tournée en dérision par le Premier ministre par intérim Phumtham Wechayachai, qui qualifie Anutin de « rêveur » tout en annonçant que son propre parti, Pheu Thai, a aussi entamé des discussions avec le PP.
Dans les coulisses, les tractations s’intensifient. Thanathorn, figure tutélaire du mouvement progressiste et influent au sein de PP, a révélé avoir été contacté par Thaksin, patriarche de Pheu Thai, pour soutenir son candidat Chaikasem Nitisiri. Thanathorn a réaffirmé que les conditions de son parti sont non négociables, notamment la tenue d’un référendum pour une nouvelle constitution.
Le PP est le bras politique des progressistes, avec de nombreux élus. Le Mouvement progressiste rassemble tous les députés élus des partis progressistes que la « justice » a condamnés à l’inégibilité pour 5 ou 10 ans.
Dimanche, une délégation Pheu Thai a rencontré officiellement le PP. Phumtham a déclaré que tous les partis de la coalition gouvernementale ont accepté toutes les conditions fixées par le Parti du peuple.
Mais la méfiance reste palpable. Comme le souligne Pannika Wanich, co-dirigeante du Mouvement progressiste, les négociateurs envoyés par le Pheu Thai sont les mêmes qui ont trahi le PP en 2023.
La décision finale du PP est attendue ce lundi à 14h. L’alternative se résume à Anutin Charnvirakul, Bumjaithai ou Chaikasem Nitisiri, Pheu Thai.