
La COUR CONSTITUTIONNELLE devra dire si elle accepte ou rejette, jeudi 23, une requête sénatoriale Lui demandant d’envisager de destituer le Premier ministre Srettha Thavisin et le ministre du Cabinet du Premier ministre Pichit Chuenban, a déclaré un responsable le 18 mai.
Le Mandat du Sénat est arrivé à échéance le 10 mai, cependant les sénateurs restent en place jusqu’à la nomination du nouveau sénat, au plus tôt en juillet.
Si la requête surprise récemment déposée par 40 sénateurs est finalement acceptée par la Cour constitutionnelle jeudi, le Premier ministre et le ministre du Cabinet du Premier ministre seront immédiatement suspendus de leurs fonctions en attendant la décision finale de la justice. Srettha est accusé de violation de la constitution et du code d’éthique politique pour avoir nommé Pichit comme ministre. Ce dernier est accusé de la même chose pour outrage au tribunal, selon le responsable qui n’a parlé que sous couvert d’anonymat.
Pichit a affirmé qu’il avait été placé derrière les barreaux pour outrage au tribunal, sur ordre du tribunal, mais pas sur décision du tribunal.
La nomination de Pichit, avocat du patron de facto de Pheu Thai, Thaksin Shinawatra, en liberté conditionnelle, ainsi que de sa sœur Yingluck Shinawatra, a beaucoup surpris. C’était un grand risque de nommé un repris de justice corrupteur à une poste ministériel. Cela a été considérée par les 40 sénateurs comme « gravement inapproprié » éthiquement parlant.
En 2008, Pichit a tenté de distribuer deux millions de bahts en espèces cachés dans des sacs de nourriture aux fonctionnaires de la Cour suprême alors qu’il défendait Thaksin dans un procès pour accaparement de terres sur Ratchada – Bangkok.
La tentative de corruption de Pichit, qui avait été jugée par le tribunal comme équivalant à un outrage au tribunal, lui a valu une peine de six mois de prison. Cet acte avait été considérée par les hauts législateurs comme « manifestement de la corruption », le rendant ainsi inapte à un poste ministériel.
Le nouveau ministre, Pichit, a fait valoir qu’une décision de justice est littéralement différente d’un verdict de justice dans la mesure où la première ne peut en aucun cas interdire à un condamné d’occuper un siège ministériel contrairement à la seconde. Cette manière de jouer sur les mots peut également être considérée comme peu éthique.
Néanmoins, les 40 sénateurs ont déposé une demande de destitution contre Srettha, qui a nommé Pichit entre autres lors du remaniement du gouvernement du 30 avril.
Le Premier ministre a affirmé qu’il avait consulté le Conseil d’État sur la nomination de Pichit et qu’il l’avait finalement jugé conforme à la loi. Il dit ignorer la procédure de destitution des sénateurs à son encontre.
Thaksin aurait cherché à manipuler la nomination de Pichit comme ministre pour lui « renvoyer l’ascenseur ».
Dans le cadre d’un « accord secret » conclu entre Thaksin et le régime en place, Srettha est devenu Premier ministre grâce aux sénateurs nommés par la junte du putschiste Prayut Chan-o-cha.
Mais L’idylle entre Thaksin et Prayut semble s’être terminé justement lors du remaniement. Chan-o-cha espérait que l’un de ses protégés du parti Ruam Thai Sang Chart récupérerait le ministère de la défense afin de complaire à l’armée. Le Pheu Thai ou Thaksin ou Srettha n’ont pas cédé déclenchant l’ire du régime militaire dont font parie, de facto les sénateurs. D’où la tentative de destitution de Srettha.
Thaksin n’a rien à perdre car la possible suspension de Srettha permettrait à sa fille Paethongtarn de devenir Première Ministre dès cette semaine ou au pire à son homme lige Phumtham Wechayachai, ministre du commerce, de prendre le poste. Une suspension peut ne durer qu’un mois. Elle débouche sur la destitution ou, au contraire, sur un retour en poste.
Par ailleurs, le bureau du procureur général doit décider le 29 mai s’il maintient les poursuites contre Thaksin dans le cadre d’un procès pour lèse-majesté ou s’il doit les abandonner. Thaksin aurait évoqué la monarchie lorsque le putschiste Prayut a évincé Yingluck, sœur de Thaksin, en 2014.
Dimanche soir, Le sénateur Praphan Koonmee s’est dit persuadé que le Premier ministre avait violé la Constitution en nommant un homme qui avait été emprisonné, ce qui l’obligerait à démissionner.