
Barrage au Laos
Le projet LTMS-PIP (Laos–Thaïlande–Malaisie–Singapour Power Integration Project) incarne une avancée majeure pour l’intégration énergétique en Asie du Sud-Est. Son principe est simple : permettre la circulation transfrontalière d’électricité, notamment hydroélectrique, depuis le Laos jusqu’à Singapour, en passant par la Thaïlande et la Malaisie. Ce type de réseau interconnecté vise à renforcer la sécurité énergétique régionale, à optimiser les ressources renouvelables et à favoriser la résilience face aux crises.
Pour montrer combien ce genre d’intégration est important, la France participe à un réseau électrique transfrontalier européen via ses interconnexions avec six pays voisins. Géré par le Réseau de Transport d’Électricité (RTE), ce réseau permet à la France d’importer et d’exporter de l’électricité avec la Grande-Bretagne, la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Suisse.
Techniquement, le projet asiatique repose sur des infrastructures existantes et des accords de transmission entre opérateurs nationaux. Les « wheeling charges », ou frais de transmission, sont au cœur du dispositif : ils permettent de rémunérer le pays traversé pour l’utilisation de son réseau électrique. La Malaisie et Singapour ont déjà validé ces frais. Le Laos est prêt à exporter. Mais la Thaïlande, maillon central du corridor, n’a pas encore donné son feu vert.
Ce blocage, lié à une décision politique attendue du Conseil national de la politique énergétique thaïlandais, freine la deuxième phase du projet. Or, cette phase est cruciale : elle permettrait de doubler la capacité d’échange à 200 mégawatts, consolidant le rôle du LTMS-PIP comme modèle pour l’ASEAN. Les ministres de l’Énergie des quatre pays ont pourtant salué les progrès réalisés et réaffirmé leur engagement lors d’une réunion récente.
Le retard thaïlandais est regrettable à plusieurs titres. D’abord, il empêche la mise en œuvre complète d’un projet pilote qui pourrait inspirer d’autres corridors énergétiques dans la région. Ensuite, il freine la transition vers des énergies propres, alors que le Laos dispose d’un potentiel hydroélectrique considérable. Enfin, il ralentit la construction d’un marché régional de l’électricité, plus flexible et plus durable.



