
Les 250 sénateurs nommés par la junte se sont réunis mercredi pour poser une dernière fois. Une photo de groupe souvenir a été prise avant qu’ils soient remplacés par 200 sénateurs élus le mois prochain. Les hommes vêtus de costumes noirs et les femmes en robes jaunes se sont réunis dans le complexe géant du Parlement, au bord du fleuve dans une ambiance conviviale.
Les 250 sénateurs ont pris leurs fonctions en mai 2019 et leur mandat a officiellement pris fin le 10 mai 2024. Cependant, ils continuent d’occuper leurs postes à titre intérimaire jusqu’à ce que la Commission électorale (CE) annonce les noms des 200 nouveaux sénateurs le 2 juillet.
Ces 250 sénateurs étaient habilités par la constitution à participer à l’élection du Premier ministre. Comme ils avaient été nommés par la junte et non élus, ils ont pu exercer leur capacité de nuisance en empêchant la volonté du peuple l’an passé. Cette clause avait pour but d’aider le général putschiste Prayut Chan-o-cha, à conserver le pouvoir en 2019 puis de nuire aux progressistes en 2024.
Le Sénat a été aussi aimé que détesté dans une Thaïlande totalement divisée. Le coup de maître de ce Sénat a été d’empêcher Pita Limjaroenrat, alors chef du parti Move Forward, de devenir Premier ministre, même si Move Forward avait remporté les élections de 2023.
En guise de chant du cygne ou de coup de pied de l’âne, 40 des sénateurs sortants, pro-junte, ont demandé à la Cour constitutionnelle de démettre de ses fonctions le Premier ministre Srettha Thavisin pour avoir nommé une personne inéligible au poste de ministre. L’affaire est en cours.
Certains sénateurs contestent les élections sénatoriales en cours, de sorte que si les résultats sont retardés, ils peuvent rester indéfiniment en fonction.
Après la séance photo, le sénateur Kittisak Ratanawaraha s’est arrêté pour parler à la presse, se disant prêt à passer le relais aux nouveaux sénateurs. Il a déclaré qu’il espérait que la population jugerait avec indulgence la performance du Sénat sortant, ajoutant qu’il prévoyait de se rendre en Inde pour être ordonné moine bouddhiste pendant une courte période.
Du côté du nouveau Sénat, il appert clairement qu’il ne sera pas apolitique comme la constitution l’exigeait de manière un peu naïve. Les principaux partis politiques, y compris Move Forward, verront probablement un grand nombre de leurs représentants ou alliés remporter des sièges au dernier tour des élections sénatoriales, a déclaré mercredi le président sortant du Sénat, Pornpetch Wichitcholchai.
Les résultats du vote pour élire les 200 nouveaux sénateurs sont attendus le 2 juillet, après le scrutin au niveau national qui aura lieu mercredi prochain, a-t-il indiqué.
« On ne sait pas vraiment qui va gagner. Mais à mon avis, les grands partis, dont Move Forward, remporteront probablement de nombreux sièges », a-t-il déclaré. « On s’attend quand même à ce qu’un certain nombre de sénateurs soient indépendants. » Dans l’ensemble, cela contribuera à améliorer la diversité dans la composition du Sénat, a-t-il déclaré.
Même si le lobbying pour obtenir des votes lors du dernier tour de l’élection n’est pas inhabituel, l’achat de voix est illégal et doit être surveillé par la Commission électorale (CE), a déclaré M. Pornpetch. « Bien entendu, certaines irrégularités ont été observées et il est de la responsabilité de la CE d’y remédier.
M. Pornpetch a déclaré que certains élus auront des liens avec des partis, mais ils ne devraient pas être jugés uniquement sur ces liens. Il serait plus logique de juger ces nouveaux sénateurs sur leurs performances, a-t-il conclu. De plus, le nouveau Sénat n’aura pas le pouvoir de participer à la sélection d’un nouveau Premier ministre.