
Des universitaires exhortent le gouvernement thaïlandais à venir en aide d’urgence aux victimes du trafic d’êtres humains le long de la rivière Moei, où 50 à 100 personnes traversent quotidiennement vers la Thaïlande, craignant un déclassement du royaume dans le rapport sur ce trafic de la part du département d’État américain.
La Thaïlande avait largement amélioré sa notation ces dernières années. De « 3 » en 2014 et 2015, elle était passée à « 2 sous observation » en 2016 et 2017, puis enfin « 2 » depuis.
La note « 2 », n’est pas spécialement satisfaisante. Elle signifie « les gouvernements ne se conforment pas entièrement à toutes les normes minimales, mais font des efforts importants ». Les pays de niveau 3 ne font pas d’efforts. La question est donc de savoir si la Thaïlande fait des efforts ou pas.
Un déclassement de la part du Département américain serait gravement préjudiciable à la Thaïlande et en particulier à l’actuel gouvernement.
Les États-Unis s’autoattribuent la note de « 1 » qui signifie que le gouvernement respecte les normes minimales. On peut aussi se demander pourquoi le Département d’État américain se permet de noter les 200 autres pays.
L’Association Rohingya de Thaïlande a expliqué que des personnes originaires de l’État de Rakhine, au Myanmar, déplacées par les combats entre l’armée birmane et l’armée d’Arakan, sont victimes de trafic via la Thaïlande en direction de la Malaisie.
Le professeur, Dr Bhanubhatra Jittiang, de l’Université Chulalongkorn, a souligné que, si la Thaïlande ne parvient pas à s’attaquer à ces réseaux de traite d’êtres humains, elle risque à la fois de nuire à sa réputation internationale et de voir se développer encore plus de réseaux.
Le Dr Sriprapha Petcharamesree, professeur de droit à l’université Chulalongkorn, a ajouté que la traite des êtres humains était répandue le long des frontières de la Thaïlande, en particulier avec le Myanmar et le Laos. L’essor des réseaux sociaux a permis aux trafiquants de cibler plus facilement les individus directement. Les enfants vulnérables confiés à leurs grands-parents sont particulièrement exposés. Le Dr Sriprapha a noté que la Thaïlande est mieux placée que les autres pays pour lutter contre ce fléau.
Suraiman Pruetthimaneerat, de l’Association Rohingya de Thaïlande, a décrit les itinéraires empruntés par les trafiquants. Les victimes doivent payer entre 70 000 et 150 000 bahts. Il a expliqué que l’armée birmane et des groupes ethniques sont impliqués dans ce trafic. Entre 1 500 et 2 000 Rohingyas se trouvent actuellement à Mae Sot. Entre 50 à 100 sont acheminés vers la Thaïlande chaque jour.
Il a également souligné que la plupart des réfugiés sont des jeunes et des femmes, 80 % d’entre elles cherchant à se marier avec un homme rohingya en Malaisie. Le voyage du fin fond de la Birmanie en Thaïlande passe par des « planques » dans la banlieue de Bangkok, puis continue vers le sud pour rejoindre la Malaisie. L’association a averti que les contrôles plus stricts de la Malaisie dépassent désormais ceux de la Thaïlande, ce qui complique la situation, car les victimes se retrouvent coincées dans le royaume où elles sont rackettées par les uns et par les autres.
Certains observateurs considèrent que l’entrée et le périple à travers la Thaïlande ne peuvent se dérouler qu’avec la complicité de certains fonctionnaires thaïlandais.