
Le ministre adjoint des Finances, Woraphak Thanyavong, a annoncé sa démission le 22 octobre 2025, après seulement 33 jours en poste. Cette décision fait suite à des accusations relayées par des médias internationaux, le liant à des réseaux d’arnaques transnationaux opérant en Thaïlande et au Cambodge. Le Premier ministre Anutin Charnvirakul lui avait demandé de fournir une explication écrite, saluant ensuite son “sens des responsabilités” et sa volonté de préserver l’intégrité du gouvernement.
Lors d’une conférence de presse, Woraphak a fermement nié toute implication dans des activités frauduleuses. Il a réfuté les allégations selon lesquelles lui ou son épouse auraient reçu des paiements en cryptomonnaie liés à des réseaux criminels. Il a notamment démenti un rapport affirmant qu’un virement de 3 millions de dollars en crypto aurait été effectué via un réseau sino-cambodgien, prétendument lié à Benjamin Mauerberger, un intermédiaire sud-africain. Woraphak a précisé que sa relation avec Mauerberger était strictement personnelle, leurs enfants fréquentant la même école.
Concernant ses liens avec BIC Bank, filiale du groupe cambodgien BIC, il a reconnu des échanges professionnels, mais nié avoir occupé un poste exécutif ou consultatif. Il a également détaillé son investissement légal dans Finansia Cyrus, une société thaïlandaise, entre 2021 et 2024, précisant que les fonds provenaient de Singapour et du Laos, et non du Cambodge. Woraphak a conclu en affirmant qu’il coopérera pleinement avec les autorités et qu’il engagera des poursuites contre ceux qui propagent de fausses informations. Il a insisté sur son parcours irréprochable dans la finance, soulignant que sa démission vise à protéger le gouvernement.
Face aux critiques, le gouvernement a défendu son bilan en matière de lutte contre les arnaques, affirmant avoir mis en place un comité chargé de suivre les flux financiers, saisir les biens et poursuivre les responsables. Toutefois, l’opposition et certains anciens alliés politiques jugent ces efforts insuffisants, surtout à l’approche des élections de mars 2026.
Dans le même temps, les réseaux d’arnaques ayant fui le Cambodge s’installent désormais en Thaïlande, selon le média sud-coréen Sisa Journal. Ces groupes recrutent activement de jeunes Sud-Coréens, leur promettant jusqu’à 250 000 bahts par semaine pour des opérations de phishing. Malgré le durcissement des contrôles migratoires, les syndicats criminels contournent les restrictions.
De son côté, le professeur Aat Pisanwanich alerte sur les pertes économiques causées par les réseaux mafieux transfrontaliers liés au Cambodge, estimées à 1 000 milliards de bahts par an pour la Thaïlande. Ces activités grises représenteraient 10 % du PIB national. Il appelle à une coopération internationale pour démanteler ces réseaux et propose que la Thaïlande devienne un pôle mondial d’éthique. Il suggère d’organiser des conférences à Bangkok pour aller dans ce sens. Sans action ferme, l’image du pays et les investissements étrangers risquent de s’effondrer.
Par ailleurs, la police thaïlandaise intensifie sa lutte contre les crimes technologiques et les réseaux d’arnaques, désormais inscrits à l’agenda national. Un comité dirigé par le Premier ministre Anutin coordonne les efforts entre ministères, tandis qu’un programme de prévention est lancé par le Bureau de lutte contre la cybercriminalité. Entre mars et mai, 219 suspects thaïlandais ont été rapatriés du Cambodge. Les autorités poursuivent également des membres du réseau Kok An, lié à des activités criminelles transfrontalières. Les accusations visant des politiciens restent non confirmées, mais les enquêtes se poursuivent.
L’Union interparlementaire (UIP) a accepté d’inscrire la résolution thaïlandaise sur les crimes transnationaux à son ordre du jour d’urgence. Présentée à Genève par le président du Parlement, Wan Muhamad Noor Matha, elle a été adoptée par 850 voix contre 200. Le Cambodge n’a pas soutenu la résolution.