
Le président du Sénat
Mongkol Surasajja a été largement élu président du Sénat thaïlandais. Il avait été désigné par le « groupe bleu ». Mongkol a reçu avec 159 voix sur 200, lors d’un vote à bulletin secret au Sénat mardi. Il a battu sa principale rivale, la progressiste, Nantana Nantawaropas, 61 ans, qui n’a obtenu que 19 voix. Le troisième candidat Dr Premsak Piayura, 59 ans, vient ensuite avec 13 voix. Les candidats ont pu exposer leur vision avant le vote pendant 5 minutes chacun.
Le « groupe bleu » au Sénat est allié au parti Bhumjaithai, partenaire de la coalition, dont la couleur officielle est également le bleu. Cette couleur symbolise aussi divers partis liés au régime.
M. Mongkol Surasajja, ancien gouverneur de Buri Ram, aurait des liens avec la puissante famille politique Chidchob ou « Ban Yai » (grande maison) de la province de Buri Ram, Isan, le fief de Bhumjaithai.
Le « groupe bleu » s’était réuni pour préparer l’élection de ce mardi et avait convenu de soutenir M. Mongkol pour le poste de président du Sénat. Les autres pressentis étaient le général Kriangkrai Srirak, ancien conseiller du vice-premier ministre Anutin Charnvirakul (chef du Bumjaithai) et Boonsong Noisopon, ancien juge et ancien membre de la Commission électorale (CE).
Une autre faction de sénateurs, progressistes, avait nommé Nantana Nantavaropas comme candidate au poste de présidente du Sénat. Elle a été largement battue.
Général Kriengkrai Srirak a été élu Premier vice-président du Sénat, il travaillait avec Anutin, le chef du Bumjaithai au ministère de l’intérieur, il a démissionné pour se présenter au Sénat.
M. Boonsong Muensri a été élu Deuxième vice-président du Sénat.
Yutthaporn Issarachai, de l’université de Sukhothai Thammathirat, a remis en question l’indépendance des sénateurs. « Qu’ils soient « Bleus », « Indépendants » ou « Progressites » Ce sont des partis politiques déguisés », a-t-il déclaré. La constitution interdit aux sénateurs d’être liés à des partis politiques. A l’évidence le Bumjaithai n’a pas respecté cette règle, un peu contestable il est vrai puisque le Sénat ne peut pas ne pas être politique.
Angkhana Neelapaijit, une sénatrice connue pour son militantisme en faveur des droits de l’homme, a également remarqué : « Ce qui est devenu clair aujourd’hui, c’est que le Sénat manque véritablement d’indépendance ».
Bumjaithai qui roule ouvertement pour le régime pèsera donc d’un poids énorme dans la vie politique thaïlandaise alors qu’il ne représente rien en dehors de son fief en Isan. C’est un moyen pour le régime et les ultra-conservateurs de continuer de « tenir » la Thaïlande par différents leviers, en particulier celui de la nomination des juges, privilège du Sénat. De nos jours, c’est la « justice » qui fait la pluie et le beau temps dans le royaume.
Nanthana Nanthawaropas a rappelé que Le précédent Sénat avait été nommé par la junte contre le peuple et que le pays a besoin d’un « parlement du peuple » (assemblée + sénat). Elle a souligné que le Sénat doit représenter tout le monde. Elle a ajouté que les réunions des commissions du Sénat devraient être retransmises en direct et que les sénateurs devraient fournir des rapports sur leurs activités.