
Les motos ou scooters sont un moyen de transport quotidien pour des millions de foyers thaïlandais, pour se rendre à l’école, au travail ou pour les activités courantes. Mais une inquiétude croissante concerne les jeunes, qui dépendent fortement de ce mode de transport tout en étant les plus exposés aux risques. La majorité d’entre eux circulent sans permis, en toute illégalité.
Selon le Thailand Accident Research Center, 81 % des jeunes âgés de 15 à 18 ans conduisent sans permis, tout comme 65 % des 18–24 ans et même 33 % des plus de 24 ans. Plus grave encore, plus de 70 % des moins de 18 ans utilisent des motos de plus de 110cc, alors que la loi thaïlandaise n’autorise qu’un permis provisoire pour les motos en dessous de cette limite. Le permis complet n’est accessible qu’à partir de 18 ans.
Un sondage révèle que 72 % des jeunes invoquent « le manque de temps » pour ne pas passer leur permis comme si ces adolescents avaient un agenda de ministre. D’autres raisons incluent :
- 8 % : procédures trop complexes ou impossibilité de prendre rendez-vous
- 5 % : absence de contrôles policiers dans leur zone
- 5 % : peur d’échouer à l’examen faute de compétences
- 3 % : utilisation rare des routes principales
- 2 % : sentiment d’être trop jeune ou peu concerné
- 2 % : absence de soutien parental
- 1 % : trajets trop courts pour justifier un permis
Par ailleurs, ce sondage a révélé d’autres informations.
60 % des jeunes apprennent à conduire seuls, 38 % auprès d’amis ou de proches, et seuls 2 % suivent une formation officielle. Résultat : une méconnaissance généralisée des règles de sécurité routière.
Les infractions les plus fréquentes selon la police sont :
- Non-port du casque : 24,6 %
- Absence de permis : 20,6 %
- Modifications illégales du véhicule : 18,2 %
- Excès de vitesse : 12,9 %
- Infractions diverses : 11,4 %
- Absence de plaque : 10,2 %
- Conduite en état d’ivresse : 2,2 %
Les experts parlent d’une « crise silencieuse » de la sécurité routière. Les jeunes motocyclistes, souvent non formés et non autorisés, sont particulièrement vulnérables aux accidents graves. Encourager l’obtention légale du permis, promouvoir la formation et renforcer les contrôles pourrait réduire significativement les blessures et les décès sur les routes thaïlandaises.
Ce fléau, responsable chaque année de la mort de milliers de mineurs, résulte d’un double manquement institutionnel. D’un côté, l’école ne joue pas pleinement son rôle éducatif en matière de sécurité routière, faute de cours ou d’exercices pratiques de conduite dans les établissements. De l’autre, les forces de l’ordre peinent à faire appliquer le Code de la route auprès des jeunes conducteurs, laissant se banaliser des comportements à risque.