
Cette image de paysans en colère devant le siège du gouvernement date de février car les récriminations ne sont pas nouvelles.
Les agriculteurs thaïlandais exhortent le gouvernement à agir face à la chute des prix des récoltes, avertissant des conséquences graves en l’absence de mesures. Pramote Charoensilp, président de l’Association des agriculteurs thaïlandais, souligne que les cultivateurs de riz, manioc, palmier à huile et caoutchouc sont confrontés à une hausse des coûts de production et à une baisse drastique des prix de vente, mettant en péril leurs moyens de subsistance.
Le riz hors saison, avec une humidité supérieure à 25 %, ne se vend qu’à 7 000 bahts la tonne contre 9 000 à 10 000 bahts ces dernières années, alors que son coût de production atteint 6 500 à 7 000 bahts. Pramote demande au gouvernement de fixer un prix minimum de 8 000 bahts pour ce type de riz et 10 000 bahts pour celui ayant une humidité inférieure à 25 %.
La baisse des exportations de riz thaïlandais est attribuée à la reprise des exportations massives de riz blanc par l’Inde fin 2024. Par ailleurs, les propositions d’aide aux agriculteurs, comme la subvention de 1 000 bahts par rai, restent en suspens. Les agriculteurs devraient avoir la possibilité de s’inscrire pour bénéficier de la subvention à partir du 30 avril.
Pramote critique également l’absence de soutien du ministère de l’Agriculture pour remplacer le brûlage des chaumes ou écobuage polluant par des méthodes alternatives, plus coûteuses et chronophages. Il appelle à une recherche accélérée pour développer des variétés de riz résistantes aux maladies et adaptées aux demandes du marché, comme le riz tendre vietnamien, qui est plus productif. La Thaïlande fait l’impasse sur l’enseignement et la recherche universitaire.
Face à ces difficultés, certains agriculteurs optent pour la culture de riz au jasmin vietnamien, malgré l’absence de certification officielle en Thaïlande, car il produit jusqu’à 1 300 kilogrammes par rai, bien au-delà des 400 à 600 kilogrammes du riz jasmin thaïlandais (hom mali). L’immobilisme gouvernemental suscite l’inquiétude croissante des agriculteurs, qui attendent des actions concrètes pour soutenir leur secteur en crise.
Bien sûr, les agriculteurs ne sont pas les seuls à demander des réformes et, pour le moins, des initiatives pour améliorer la situation d’une économie thaïlandaise encalminée dans les conservatismes.