
Kannavee Suebsueng
Des élus de l’opposition alertent sur des cas de corruption dans le processus de demande de nationalité thaïlandaise pour les résidents apatrides. Des fonctionnaires auraient exigé des paiements illégaux allant de 3 000 à 40 000 bahts par dossier, alors que les frais officiels ne dépassent pas 160 bahts.
Ces abus concernent des personnes pourtant éligibles selon la résolution du Cabinet du 29 octobre 2024, qui reconnaît le droit à la résidence légale et à la citoyenneté pour plus de 400 000 individus vivant en Thaïlande depuis des décennies. La plupart sont issus de minorités ethniques ou de familles migrantes installées avant 1999, souvent sans papiers en raison de lacunes administratives.
Le député Kannavee Suebsang a interpellé le Premier ministre Anutin Charnvirakul, également ministre de l’Intérieur, pour qu’il agisse rapidement. Il propose cinq mesures : lutter contre la corruption, centraliser les procédures, déployer des bureaux mobiles, renforcer les moyens humains et financiers, et fixer des délais clairs pour garantir la transparence.
Dans le même temps, les députés Wiroj Lakkhanaadisorn et Somdul Eutcharoen ont déposé une plainte officielle auprès du directeur général de l’administration provinciale, Nirat Phongsitthithaworn. Ils rapportent des cas dans les districts de Fang, Mae Ai et Chai Prakan (Chiang Mai), où des demandeurs ont été contraints de verser des sommes exorbitantes pour obtenir leur carte d’identité, preuve de leur nationalité thaïlandaise.
Wiroj précise que ces cas ne concernent pas des travailleurs étrangers ou des réfugiés, mais des personnes enregistrées depuis 1999, ainsi que leurs enfants nés en Thaïlande. Des cas similaires auraient été recensés à Ranong, où même des citoyens thaïlandais vérifiés par test ADN auraient été rackettés.
Les députés estiment que si 25 % des 483 626 personnes éligibles devaient payer 20 000 bahts chacune, les gains illicites pourraient atteindre 2,4 milliards de bahts. Ils appellent les victimes à conserver des preuves (photos, messages, enregistrements) et à les transmettre aux parlementaires.
Le scandale met en lumière les failles du système et la nécessité d’une réforme urgente pour garantir l’accès équitable à la citoyenneté.