
Afin de restaurer son image touristique, la ville de Pattaya a lancé une opération de répression à grande échelle contre les sans-abri, les mendiants et les victimes présumées de la traite des êtres humains occupant l’espace public. Initiée par le maire Poramet Ngampichet, cette opération a mobilisé diverses agences, dont la police municipale, les services sociaux et des ONG, dans des zones sensibles telles que Pattaya Beach Road et le pont de Bali Hai. Bien que les autorités affirment vouloir « aider », l’initiative a suscité des critiques virulentes.
De nombreux habitants dénoncent une démarche cosmétique, axée sur l’image plus que sur des solutions durables. Certains soulignent que les personnes déplacées reviennent rapidement après les expulsions et que des lieux comme Soi Rung Land restent envahis de toxicomanes. D’autres regrettent l’absence d’infrastructures de réinsertion, de traitements adaptés et de mesures contre l’immigration illégale. Des voix s’élèvent pour réclamer des lois et des refuges plutôt qu’une simple présence policière.
Face aux plaintes concernant la mendicité dans les zones touristiques, le ministre du Développement social, Varawut Silpa-archa, a exhorté le public à cesser les dons, arguant que cette générosité alimente souvent des réseaux organisés. Selon lui, certains mendiants, souvent étrangers ou intégrés à des structures mafieuses, peuvent gagner plus que les touristes eux-mêmes. Les Thaïlandais, quant à eux, sont dirigés vers des centres d’accueil où la fréquentation reste volontaire, limitant ainsi leur efficacité.
Les statistiques confirment une recrudescence du phénomène : ThaiHealth recense plus de 2 499 sans-abri dans tout le pays, mais des chercheurs estiment le chiffre réel à plus de 4 500, des chiffres qui restent bien modestes. La population exprime un mélange de frustration, de lassitude et d’humour noir, remettant en cause la sincérité de l’initiative municipale et sa durabilité. Beaucoup déplorent que l’accent soit mis sur la visibilité du problème plutôt que sur ses racines sociales.
Les travailleurs sociaux plaident pour un changement de paradigme : plutôt que de considérer le phénomène des SDF comme une nuisance, il faudrait le traiter comme une question de droits humains. La Thaïlande fait face désormais à un dilemme : allier fermeté réglementaire et réponse humaine. Sans cette approche équilibrée, les expulsions répétées risquent de maintenir ces populations dans l’exclusion, sans solution réelle ni avenir stable.