La Cour Constitutionnelle a démis le premier ministre Srettha Thavisin pour manquement à l’éthique. La nomination du ministre Pheu Thai douteux qui a mené à sa perte n’avait rien d’illégale. C’est un simple manque d’éthique qui lui était reproché. Cependant, la cour n’a rien trouvé à redire concernant deux ministres accusés de crimes toujours en poste.
Le vice-ministre de l’Intérieur par intérim, Chada Thaised, a insisté mardi sur le fait qu’il pouvait conserver son siège dans le prochain gouvernement à moins que le chef du parti Bhumjaithai (proche du régime) et ministre de l’Intérieur par intérim, Anutin Charnvirakul, en décide autrement.
La Première ministre Paetongtarn Shinawatra a annoncé qu’elle examinerait de près les antécédents de chaque ministre pour éviter de répéter l’erreur commise par son prédécesseur Srettha Thavisin.
Chada est sous le feu des projecteurs parce qu’il a déjà été lié à une affaire de meurtre. Avant d’entrer en politique, Chada était une personne influente (comprendre mafieux, ce qu’il revendique) dans la province d’Uthai Thani. Il aurait mené une guerre de territoire avec d’autres mafieux de la province pour développer ses entreprises dans différents secteurs, notamment la construction.
Il a été arrêté en 2003 pour avoir prétendument organisé le meurtre de Somkiart Chanhran, assistant d’un député, mais a été acquitté deux ans plus tard. Il a également échappé de peu à une tentative d’assassinat le 20 août 2012, au cours de laquelle son fils Farud Thaised a été tué. « La question de l’éthique est abstraite. », a ajouté Chada. C’est justement cette abstraction qui permet à la Cour Constitutionnelle de choisir ses cas.
Le Capt Thamanat Prompow, ministre de l’agriculture, a été exclu de la liste des nominations ministérielles du Palang Pracharath (PPRP pro-armée) car il pourrait être jugé inapte à occuper un poste ministériel compte tenu de sa condamnation et de son incarcération pour une infraction liée à la drogue en Australie. Il a été reconnu coupable en 1994 de complot en vue d’importer de l’héroïne en Australie. Il a été condamné à six ans de prison, a purgé quatre ans et a été expulsé à sa libération. Il nie l’infraction et déclare qu’il s’agissait de « farine ». Paetongtarn craint que le renommer ministre soit jugé par la Cour Constitutionnelle comme un manque d’éthique.
Là où l’affaire se complique, c’est que Thammanat n’est pas un homme politique comme les autres, il est le secrétaire général du parti créé pour Prayut et maintenant dirigé par Prawit Wongsuwon, les putschistes bien connus. Le Parti Palang Pracharath est en plein désarroi à cause du conflit entre Prawit et Thamanat Prompow au sujet des postes ministériels.
Le parti dispose d’un quota de quatre postes. Le général Prawit a décidé de renommer son jeune frère, le général Phatcharavat Wongsuwan, au ministère de l’environnement et Le vice-ministre de la Santé, Santi Promphat, au portefeuille de l’agriculture détenu par Thamanat.
Thamanat est mécontent d’avoir été exclu de la liste et a déclaré mardi que lui et une faction de 29 députés sur 40 quitteraient le PPRP. Il n’adresse plus la parole à Prawit devenu, de son côté, un boulet. La question est de savoir si ces 30 députés réunis sous une nouvelle bannière et qui soutiendront le gouvernement obtiendront des postes de ministre.
Lorsqu’on demande à Thaksin quelle faction au sein du PPRP, Prawit ou Thamanat, était apte à rejoindre le nouveau gouvernement, il botte en touche.
Puisqu’on mentionne Prawit et l’éthique, il faut rappeler qu’il a frappé une journaliste vendredi dernier. « Ce comportement relève du harcèlement physique », a déclaré le sénateur Tewarait Maneechai, qui a demandé une enquête sur l’éthique de Prawit par l’intermédiaire du Sénat, qui la transmettra à la chambre basse du Parlement, laquelle aura 30 jours pour réagir.
De son côté, L’Association des journalistes de radiodiffusion thaïlandais a également soumis une pétition au président de la même Chambre basse, Wan Muhamad Noor Matha, demandant une enquête sur le même Prawit Wongsuwan pour la même raison. La chaîne de télévision thaïlandaise PBS, ainsi que des associations de journalistes locales et internationales auraient fait de même.