Plus de 70 % des pantalons éléphants sont fabriqués en Chine. Le déclin du secteur manufacturier thaïlandais, exacerbé par le Partenariat économique régional global (RCEP), soulève des questions sur les politiques économiques du pays.
Avec l’économie thaïlandaise en crise, le succès mondial des pantalons éléphant semblait être un point positif.
Ces vêtements se vendent comme des petits pains à travers le monde. Mais la bonne nouvelle s’arrête là puisque près des trois quarts des pantalons éléphant vendus sont en réalité fabriqués en Chine.
Depuis 2022, les exportations thaïlandaises tous secteurs confondus ont chuté et la production avec elle. Si de nombreux économistes aiment imputer cette situation aux tendances géopolitiques, il existe également un autre coupable potentiel. L’accord commercial du Partenariat économique régional global (RCEP). Il s’agit du plus grand accord commercial au monde, libéralisant les échanges entre la Chine, la Thaïlande et les pays de l’ASEAN. De plus, il est pleinement entré en vigueur en 2022.
Certains pantalons éléphants sont fabriqués au Cambodge et au Vietnam où ils sont plus « légitimes ». Cela souligne que les entreprises thaïlandaises ne peuvent plus être compétitives.
Salué pour son confort et son caractère distinctif, ce pantalon est devenu un symbole associé au lien culturel de la Thaïlande avec les éléphants.
On a par ailleurs noté la Démission massive du comité de mode du soft power thaïlandais. Malgré les déclarations officielles, la discorde est évidente entre le comité et le gouvernement.
On pense que les griefs proviennent des idées saugrenues du TAT qui veut créer des records puérils pour inclure le royaume dans le Guiness Book. Notamment une compétition insensée pour porter le plus de pantalons éléphants possible en une minute.
Kamonnart Ongwandee, présidente du comité mode, regrette la manque de consultations dans ce domaine.
En outre, elle a également souligné le fossé entre les experts de la mode et les agences d’État.
Cependant, le Premier ministre Srettha Thavisin a minimisé le drame entourant la démission massive de cette semaine. En outre, il a informé les journalistes de la nomination imminente de nouveaux membres.
Nattawat Phutthasiriwat, de la Confédération thaïlandaise des PME, a exposé la réalité du terrain. Il a révélé que seulement 30 % des vêtements vendus en gros à Bobae et Pratunam viennent de Thaïlande.
Les fabricants thaïlandais ont du mal à rivaliser sur les prix en raison de coûts de production plus élevés et d’un rythme de livraison plus lent.
Nattawat souligne que cela est directement lié aux hausses du salaire minimum en Thaïlande. Pourtant, il est injuste de reporter la faute sur les travailleuses et sur les travailleurs thaïlandais, en effet, le salaire minimum en Chine est de 13 454 thb / mois à Shanghai supérieur à celui de Bangkok.
Nattawat explique que de nombreux fabricants se sont tournés vers la production ou l’importation, principalement en provenance de Chine, du Cambodge et du Vietnam.
Les pantalons éléphants sont fabriqués dans les pays limitrophes mais un label Made in Thailand est cousu.
Selon lui, la seule réponse est certainement d’appliquer des droits de douane et de protéger l’industrie en Thaïlande.
Il est important de noter que la Thaïlande a connu une baisse de 5,11 % de sa production manufacturière tout au long de 2023. De même, la baisse pour le seul mois de décembre 2023 était de 6,27 %.
Nattawat Appelle également à la protection des droits créatifs, ce qui est cocasse de la part d’un Thaïlandais professionnel du vêtement. Par ailleurs, rien ne dit que ce pantalon est une invention thaïlandaise.
Il faut rappeler que ce vêtement a été popularisé par les touristes qu’au départ les Thaïlandais regardaient avec mépris avec leur « pyjama ».
Les gouvernements thaïlandais successifs ont ouvert le commerce à la Chine sans se demander si l’industrie thaïlandaise, dans son ensemble, était compétitive.
Le Premier ministre indien Narendra Modi s’est retiré de l’accord de libre-échange lors d’un sommet de Bangkok en 2019. Peut-être avait-il raison et le gouvernement Prayut) aurait dû réfléchir avant de prêter allégeance à Pékin.
Lundi soir, on apprenait que Le département des douanes a été invité à interdire les importations chinoises de pantalons à motifs d’éléphants, les droits d’auteur de ces modèles ayant désormais été enregistrés, a déclaré lundi le ministre du Commerce Phumtham Wechayachai.
On ne sait pas si cette démarche est légale car les Chinois ont peut-être déjà enregistré le motif. Il n’est pas certain qu’Un pays puisse même détenir ce type de brevet. Par ailleurs rien ne dit que les fabricants thaïlandais pourront fournir et que les marchands accepteront de se passer des produits chinois.
Enfin, hors Thailande, les pantalons chinois (parfois 10 fois moins chers, selon le ministère) sont parfaitement légaux.
