
Paul Chambers, professeur américain à l’Université Naresuan en Thaïlande, a été arrêté le mois dernier suite à une plainte déposée par l’armée thaïlandaise. Il était accusé d’avoir insulté la famille royale, un crime passible de 15 ans de prison, ainsi que de violations de la loi sur la cybercriminalité. Ces accusations ont suscité de vives critiques en Thaïlande et aux États-Unis, notamment de la part du département d’État américain, qui s’est dit alarmé par cette affaire.
Le bureau du procureur général vient d’annoncer qu’il ne poursuivrait pas Chambers et a demandé au tribunal de Phitsanulok de cesser toute action. Cette décision fait suite à une lettre ouverte de l’Association américaine de science politique (APSA) demandant l’abandon des charges. Chambers, qui a nié les accusations, avait passé une journée en détention et portait un bracelet électronique depuis sa libération sous caution. Les autorités lui ont récemment ôté ce bracelet. Son visa de travail a été révoqué, mais il lui est interdit de quitter le pays.
Les accusations contre Chambers découlaient d’un texte publié sur le site Web d’un institut de recherche étranger, en lien avec un séminaire universitaire auquel il avait participé. Son avocat, Wannaphat Jenroumjit, a salué la décision rapide du procureur, espérant qu’elle atténuerait les dommages subis par Chambers. Un recours contre l’annulation de son visa est en cours, mais le bureau de l’immigration n’a pas encore statué.
La décision de ne pas poursuivre Chambers a été prise par le directeur général du parquet de la région 6, conformément aux recommandations d’un comité de travail sur l’application de la loi sur le crime de lèse-majesté.
L’arrestation de Chambers avait suscité l’inquiétude de la communauté universitaire internationale et du gouvernement américain. Le département d’État américain a exprimé ses préoccupations concernant l’utilisation des lois sur la lèse-majesté en Thaïlande, soulignant leur impact sur la liberté d’expression. La loi thaïlandaise prévoit des peines sévères pour quiconque diffame, insulte ou menace la famille royale, et ses détracteurs affirment qu’elle est utilisée pour réprimer les critiques de l’armée.
Depuis 2020, les manifestations pro-démocratie en Thaïlande ont intensifié le débat public sur la monarchie, entraînant une augmentation des poursuites judiciaires pour crime de lèse-majesté. Plus de 270 personnes, dont de nombreux étudiants militants, ont été accusées d’avoir enfreint cette loi.
Certains, comme Thaksin Shinawatra, arguaient que l’affaire Chambers interférait avec le montant des taxes que le président Trump imposerait à la Thaïlande. Rien ne prouve que cette théorie soit exacte, en revanche, il est clair que le harcèlement dont Chambers était victime nuisait au soft Power de la Thaïlande. On ne comprend toujours pas pourquoi l’ISOC, bras politique et policier de l’armée, s’en est pris à Paul Chambers aussi brutalement. Il est toujours possible que Chambers soit discrètement expulsé.