
Un rapport de 59 pages de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) et l’Union pour les libertés civiles (UCL) révèle que la Thaïlande n’a fait aucun progrès dans la mise en œuvre d’une réglementation permettant à certains détenus de purger leur peine hors des prisons. De plus, les mesures pour détenir les suspects ou prévenus ailleurs qu’en prison restent bloquées.
Fin 2024, deux organes des Nations Unies ont souligné la surpopulation carcérale en Thaïlande comme une préoccupation majeure. Les autorités thaïlandaises reconnaissent le problème, mais tardent à adopter des solutions efficaces. Le durcissement récent des politiques antidrogue risque d’aggraver la situation.
La population carcérale thaïlandaise a augmenté pour la deuxième année consécutive, dépassant de 12 % la capacité officielle. Sur 143 établissements pénitentiaires, 102 sont surpeuplés. Le nombre de condamnés à mort a également augmenté, atteignant 364, son plus haut niveau depuis 2020.
Bien que le nombre de prisonniers condamnés pour des infractions liées aux stupéfiants ait diminué, ils représentent encore 73 % de la population carcérale totale. La réduction des seuils de possession de méthamphétamines entrainant une détention pourrait inverser cette tendance.
Les conditions de détention restent préoccupantes, avec des cellules surpeuplées, des punitions sévères, un traitement inégalitaire, un manque de protection pour les femmes transgenres, des soins de santé insuffisants, voire inexistants, et des restrictions sur les activités récréatives et l’accès à l’information. Le décès de la militante des droits humains Netiporn Sanesangkhom en mai 2024 illustre les conséquences de ces conditions.
Parmi les rares améliorations en 2024, les femmes détenues ont désormais accès à des soutiens-gorge, sous-vêtements et produits d’hygiène menstruelle, bien que la distribution varie selon les prisons.
Le rapport annuel de la FIDH-UCL, maintenant à sa quatrième édition, est la seule évaluation indépendante des conditions de détention en Thaïlande et propose des recommandations pour améliorer le traitement des détenus conformément aux normes internationales.
Les prisons du royaume hébergeraient 275 000 détenus, ce qui en fait le 7e pays au monde en termes de nombre de prisonniers, en valeur absolue, derrière les États-Unis, la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie et la Turquie.