
Le Département des enquêtes spéciales (DSI ou FBI local) a trouvé suffisamment de preuves, notamment de l’argent versé à des candidats, pour se saisir de l’affaire d’une possible collusion électorale lors des élections sénatoriales de juin 2024. L’affaire implique également des allégations d’association de malfaiteurs et de blanchiment d’argent, selon des documents divulgués.
Le DSI a indiqué qu’un réseau organisait la fraude au niveau de certains districts, dès la première étape des élections. Les primes pour les candidats fantoches étaient fixées à 5 000 bahts au niveau des districts, à 10 000 bahts au niveau provincial et entre 40 000 et 100 000 bahts au niveau national. Si plus de 120 sénateurs étaient élus, pour le « parti bleu », en fait le Bumjaithai, 100 000 bahts supplémentaires étaient versés. De par la loi, les candidats devaient s’abstenir de présenter la moindre opinion politique. Les différents partis politiques sont donc restés en dehors du processus, sauf le Bumjaithai qui aurait, de manière discrète et illégale, fait élire environ 150 de ses sympathisants.
La police a des preuves d’achat de voix à Ayutthaya, Pathum Thani et Nakhon Nayok le 24 juin 2024. Les candidats ont reçu 20 000 bahts à l’avance, le reste devant être payé après la certification des résultats. Environ 1 200 candidats impliqués dans le réseau ont été identifiés.
Le réseau avait pour objectif de s’assurer le pouvoir législatif et a commis de nombreuses violations de la loi. La planification a commencé avant le processus de sélection et s’est poursuivie même après les élections. L’opération avait toutes les caractéristiques d’un groupe criminel organisé, avec des rôles définis, notamment une équipe informatique.
Le DSI prévoit de poursuivre l’enquête, car le réseau a fonctionné avec une coordination évidente et au mépris de la loi. De nombreuses personnes impliquées restent non identifiées, ce qui nécessite de recueillir des preuves supplémentaires. Les témoins pourraient avoir besoin de protection en raison d’éventuelles menaces. Étant donné que l’affaire dépasse le cadre d’une simple fraude électorale, qui relève de la compétence de la Commission électorale (CE), le DSI estime qu’il devrait prendre la direction de l’enquête criminelle.
Les règles de ces élections furent « les plus compliquées du monde » de l’avis général. Seules les membres de la CE en comprenaient les subtilités. Le président de la CE Ittiporn Boonpracong pourrait avoir des sympathies pour les fondateurs du parti Bumjaithai, selon certains observateurs acerbes.
De leur côté, les sénateurs ont nié les allégations de collusion électorale et de blanchiment d’argent lors des élections sénatoriales de juin 2024. Pourtant, depuis que le sénat siège, il appert que 160 sénateurs conservateurs de la faction bleue, certains affiliés au parti Bhumjaithai, votent systématiquement de la même manière sur de nombreuses questions, ce qui prouve qu’il existe bien un groupe obéissant à des consignes.
Le président du Sénat, Mongkol Surasajja, a déclaré que la CE avait certifié les sénateurs. Il a insisté sur le fait qu’ils avaient pris leurs fonctions conformément aux règles de la CE, qu’ils avaient agi avec intégrité et qu’ils n’étaient affiliés à aucun groupe politique. Mongkol se demande si le DSI se charge de l’affaire de manière inappropriée. Des poursuites judiciaires pourraient être engagées contre qui porterait atteinte à la réputation des sénateurs.
Si le DSI enquête, trouve des preuves de collusion ou de blanchiment d’argent et que le tribunal est d’accord, de nouvelles élections sénatoriales pourraient être convoquées.
D’aucuns pensent que tous ces troubles sont motivés par des bisbilles entre le Bumjaithai et le Pheu Thai, deux partis de la coalition.
Une enquête sur des empiètements présumés près du parc national de Khao Yai s’est élargie, visant des propriétés de luxe, dont celles de la famille d’Anutin Charnvirakul, ministre de l’Intérieur et chef du parti Bhumjaithai. Trois sites ont été inspectés, révélant des violations potentielles du cadastre. Parmi eux, l’Art Tree Cafe Khao Yai, qui opère sur un terrain désigné pour l’agriculture, a été fermé. Le Toscana Valley Golf Course, bien que légalement détenu, soulève des préoccupations sur la légitimité de son titre foncier. L’enquête s’étend également à Rancho Charnvee Resort et au Country Club, propriétés de la famille d’Anutin. Polapee Suwanchwee, député Bhumjaithai, critique l’enquête comme du harcèlement politique.
Un sondage NIDA révèle que de nombreux Thaïlandais ne prennent pas au sérieux les conflits entre les deux principaux partis dirigeants, Pheu Thai et Bhumjaithai. L’enquête, menée auprès de plus de 1 300 Thaïlandais, montre que près de 39% reconnaissent les conflits, mais ne les trouvent pas sérieux. Environ 33% les considèrent comme sérieux, tandis que plus de 17% ne voient aucun problème. Près de 38% pensent que les deux partis finiront par se réconcilier, tandis que 38% les voient comme un couple qui se dispute, mais ne divorce jamais. Le sondage fait suite à des événements récents, notamment des conflits électoraux.