
La décision des États-Unis d’abaisser à 19 % le tarif douanier sur les importations en provenance de Thaïlande et du Cambodge, dans le cadre d’un cessez-le-feu imposé par Washington, est interprétée comme une victoire diplomatique pour Bangkok. Cette baisse tarifaire, fruit de négociations prolongées et saluée par le ministre thaïlandais des Finances, aligne la Thaïlande sur ses voisins régionaux comme la Malaisie et les Philippines, tout en la plaçant dans une position plus avantageuse que le Vietnam ou la Chine, plus lourdement taxés.
Le président Donald Trump a utilisé la pression économique pour calmer les tensions frontalières. L’économiste Kirida Bhaopichitr estime que cette mesure pourrait permettre aux exportateurs thaïlandais de récupérer des parts de marché aux dépens de la Chine, dont les produits risquent d’être taxés à hauteur de 55 %. Néanmoins, les perspectives de croissance restent modestes : entre 1 et 2 % pour les exportations et un plafond de 2 % pour le PIB, en raison d’un marché intérieur limité et d’un climat commercial mondial incertain.
Le Board of Investment thaïlandais enregistre cependant une hausse spectaculaire (139 %) de l’intérêt des entreprises étrangères au premier semestre. Ce regain de confiance est nuancé par des interrogations sur les contreparties accordées à Washington, notamment des exemptions tarifaires sur des produits technologiques américains. Le gouvernement assure vouloir préserver les producteurs locaux tout en stimulant les échanges.
Pour Kiatanantha Lounkaew, cette crise représente une opportunité stratégique : il préconise un plan en trois phases, incluant un soutien immédiat aux PME exportatrices, une restructuration des chaînes d’approvisionnement à moyen terme, et une transition vers une économie axée sur les services et l’innovation, reposant sur une main-d’œuvre qualifiée.
L’Université de la Chambre de commerce thaïlandaise (UTCC) est moins optimiste. Selon elle, les exportations devraient chuter d’environ 115 milliards de bahts au cours des cinq prochains mois, soit 0,62 % de croissance et de 275 milliards de bahts en 2026, soit 1,48 % du PIB, en raison des « taxes Trump ». Un détournement des flux commerciaux pourrait partiellement compenser ces pertes, avec un gain estimé à 45,3 milliards de bahts.
Les industries les plus vulnérables sont celles des équipements électriques, des machines, des pièces détachées et du caoutchouc, très dépendantes du marché américain. Comparée à ses voisins, la Thaïlande se trouve dans une position tarifaire relativement compétitive, bien qu’en retrait face à Singapour, le Japon et la Corée du Sud, qui bénéficient de taux plus favorables.
Face à ces enjeux, l’UTCC recommande six mesures : soutien ciblé aux secteurs affectés, renforcement des règles d’origine, diversification des marchés, attractivité accrue pour les investissements étrangers, stimulation de la demande intérieure, et diplomatie commerciale proactive.
Enfin, la prévision de l’UTCC sur les dépenses liées à la fête des Mères (mardi 12) révèle une légère hausse (1,9 %, soit 11 milliards de bahts), mais souligne une faible envie de voyager dans le pays, traduisant l’échec des politiques de relance.