Alors que les échanges de tirs se multiplient à la frontière cambodgienne, les économistes tirent la sonnette d’alarme. Exportations, tourisme et marché du travail sont menacés.
Les affrontements entre soldats thaïlandais et cambodgiens dans une zone disputée ont ravivé les inquiétudes. Mercredi, des échanges de tirs ont fait plusieurs victimes civiles, selon les autorités des deux pays.
Pour les économistes, le conflit frontalier pourrait coûter cher à la Thaïlande. Selon le Siam Commercial Bank Economic Intelligence Center, jusqu’à 130 milliards de bahts d’exportations vers le Cambodge — soit 1 % des exportations nationales — pourraient disparaître si les tensions persistent.
Au troisième trimestre, les exportations vers le Cambodge ont déjà chuté de 43 % sur un an. Le commerce frontalier est quasiment à l’arrêt, les échanges se faisant désormais par voie aérienne ou maritime.
Le marché du travail est également fragilisé. Avant le conflit, près de 500 000 Cambodgiens travaillaient en Thaïlande, notamment dans l’agriculture. Une partie d’entre eux est rentrée au pays, poussant le gouvernement à chercher des remplaçants au Sri Lanka ou à prolonger les visas des migrants venus de Birmanie, du Vietnam et du Laos.
Le tourisme dans le nord-est du pays pourrait aussi souffrir. « Les visiteurs évitent les zones de conflit », explique Nuttaporn Triratanasirikul, du Kasikorn Research Center. Elle estime à 100 milliards de bahts les pertes potentielles pour le PIB thaïlandais.
Face à cette crise, le Premier ministre Anutin Charnvirakul reste discret sur les enjeux économiques. Son positionnement suit celui de l’armée, dont la priorité est clairement sécuritaire. Le commerce et le tourisme passent au second plan, malgré les signaux d’alerte envoyés par les milieux d’affaires.
Cependant, les discussions commerciales avec Washington se poursuivent. La ministre du Commerce, Suphajee Suthumpun, affirme que les négociations restent « indépendantes des enjeux politiques ». Les États-Unis considèrent toujours la Thaïlande comme un acteur clé de la chaîne d’approvisionnement mondiale.
Sur le plan du soft Power et du tourisme, ce regain de tensions nuit gravement à l’image de la Thaïlande. Peu de voyageurs souhaitent se rendre dans un pays perçu comme instable ou en conflit.
Mais sur le terrain, les professionnels attendent des mesures concrètes. Sans arbitrage clair entre sécurité et économie, le conflit frontalier pourrait plomber durablement la reprise.



