82,5% des Thaïlandais déclarent qu’ils n’ont aucun espoir quant aux prochaines élections sénatoriales, au cours desquelles des milliers de candidats voteront entre eux pour élire 200 sénateurs.
Seulement 17,5 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles s’attendaient à ce que ces sénatoriales apporte des changements positifs dans la politique thaïlandaise.
L’enquête a été menée par l’Institut d’études prospectives pour le développement (IFD) auprès de 1 276 électeurs âgés de 18 ans et plus dans toutes les régions du pays, du 25 au 30 avril.
L’IFD a également interrogé 73 experts politiques issus de six groupes – universitaires, hommes politiques, anciens sénateurs, journalistes et militants – du 1er au 6 mai.
Près de 60 % des experts ont déclaré que l’élection pourrait être manipulée par le biais d’un vote groupé de candidats de même obédience.
72,8 % ont déclaré qu’ils s’attendent à ce que la plupart des sénateurs élus soient liés à des partis politiques ou aux grandes entreprises.
81% des experts ont déclaré qu’ils ne postuleraient pas pour devenir sénateur car ils en ont assez de la politique, tandis que
68,5% ont déclaré qu’ils n’étaient pas intéressés par ces élections.
Une large majorité des Thaïlandais prédit que la plupart des nouveaux sénateurs auront des liens politiques. Ce qui, somme toute, n’a rien de choquant concernant des élections sénatoriales. Ce qui choque, c’est que tout cela devra se faire en catimini et de manière illégale ce qui, in fine, permettra au régime militaire d’éliminer qui bon lui semble sous prétexte d’être lié à un parti.
Selon 84,7% des experts interrogés, les candidats connus ont les meilleures chances d’être élus.
Pour les citoyens, Les qualités des sénateurs les plus recherchées sont l’intégrité et le sens du public (92,3 %), les connaissances (53,8 %) et le courage politique (30,8 %).
Les candidats au Sénat voteront entre eux au cours de six tours pour finalement sélectionner 10 sénateurs dans chacun des 20 domaines éligibles. 10 x 20 = 200. Nous avons déjà expliquer le processus kafkaïen et abracadabrantesque.
Les groupes éligibles comprennent le droit et la justice, l’éducation, la santé publique, l’agriculture, la science et la technologie, la communication, les employés et travailleurs, les entrepreneurs, les professionnels du tourisme, les industriels, les artistes et athlètes, les professionnels indépendants, les femmes et les personnes âgées, handicapées ou groupes ethniques. On répétera que créer une catégorie « femmes » pourrait être considéré comme du sexisme.
La nouvelle méthode d’élection du Sénat a été inscrite dans la Constitution de 2017 rédigée sous le règne de la junte du putschiste Chan-o-cha et a été critiquée comme étant le système électoral le plus compliqué pour ne pas dire inepte jamais utilisé dans le pays. Il s’agira du 13e groupe de sénateurs thaïlandais depuis l’installation du premier Sénat du pays en 1946.
Le professeur Prinya Thaewanarumitkul, de l’Université Thammasat, a déclaré « Je pense que le processus de vote est trop compliqué pour que la CE puisse respecter la date limite du 2 juillet pour annoncer les résultats du vote »,
La Commission électorale a commencé à préparer la sélection de nouveaux sénateurs, maintenant que le mandat de cinq ans du Sénat actuel a expiré vendredi 10.
Prinya s’exprimait jeudi lors d’une table ronde organisée par l’Association des journalistes thaïlandais.
Il a également déclaré que les réglementations de la CE sur la présentation des candidats aux élections nuisent à la transparence. Il pense que la CE a outrepassé ses pouvoirs lorsqu’elle a décidé que les candidats ne pouvaient se présenter qu’en utilisant des médias électroniques. Quiconque enfreindrait ces règles s’exposerait à une peine d’emprisonnement.
Prinya a appelé la CE à rendre publics les enregistrements vidéo des votes.
Ratchaphong Jamjirachaiyakul, du groupe de défense des droits de l’homme iLaw, a déclaré lors de la discussion que les limites imposées par la CE pourraient « encourager les votes truqués » en favorisant « l’entre-soi ». Il a ajouté qu’il sera facile pour certains groupes de candidats de manipuler le vote, ajoutant que si le nombre de candidats augmente, il deviendra plus difficile de fausser le résultat.
Seri Suwanphanon, l’un des sénateurs sortants, pense l’inverse, il a déclaré lors de la table ronde qu’il pourrait y avoir une manipulation des votes par certains groupes de candidats, mais il ne pense pas que les résultats du vote seront totalement manipulés. Il a également souligné que la manipulation peut se faire en mobilisant un maximum de candidats issus des mêmes réseaux politiques.
