
Le Centre de recherche Kasikorn (dans le passé Thai Farmers Bank) tire la sonnette d’alarme face à un éventuel accord commercial entre la Thaïlande et les États-Unis qui permettrait l’importation de porc américain à 0 % de droits de douane. Une telle mesure pourrait générer des pertes colossales estimées à plus de 112 milliards de bahts pour l’industrie porcine thaïlandaise. L’accord, en cours de négociation, survient dans un contexte tendu après que Washington a annoncé une taxe réciproque de 36 % sur les produits thaïlandais, prévue pour août 2025.
Kasikorn Research souligne que les producteurs américains, grâce à des systèmes industriels ultra-compétitifs, proposent leur viande à 1,70 dollar le kilo, contre 2,30 dollars pour le porc thaïlandais. Cette disparité menacerait directement la filière locale, composée en grande majorité de petits exploitants qui produisent une viande d’excellente qualité. Près de 149 000 éleveurs de porcs, dont plus de 97 % sont de petites structures, pourraient voir leurs revenus s’effondrer. Déjà, le nombre d’éleveurs a baissé de 21 % entre 2021 et 2024.
Les dommages se propageraient à d’autres secteurs : 5 millions de foyers produisant des aliments pour porcs seraient affectés par la baisse de la demande, tout comme les abattoirs et bouchers, menacés par l’arrivée de produits prêts à cuire.
Au-delà de l’aspect économique, Kasikorn Research met en garde contre les implications sanitaires. Le porc américain est souvent associé à l’usage de bêta-agonistes, comme la ractopamine, interdits en Thaïlande et potentiellement dangereux pour certaines populations vulnérables.
Face à la pression américaine et aux risques multiples, Kasikorn Research exhorte les autorités thaïlandaises à évaluer scrupuleusement les retombées avant toute concession. Le débat s’étend ainsi au-delà du commerce : il touche à la sécurité alimentaire, à la santé publique et à la souveraineté agricole.
De son côté, le ministère thaïlandais du Commerce intensifie ses efforts pour relever les prix du riz et des longanes, tout en renforçant les exportations et le soutien aux agriculteurs. Face à une baisse des prix signalée en juillet, le ministre Jatuporn Buruspat a promis des mesures durables en partenariat avec d’autres agences.
La production de riz pour 2025/26 devrait augmenter de 5,41 %, mais les exportations ont chuté de plus de 25 % sur les cinq premiers mois de l’année. Pour les longanes, 65 000 tonnes sont ciblées à l’export, avec des débouchés en Indonésie, Inde et Émirats arabes unis. Le ministère favorise aussi la vente directe et appelle au renforcement des normes de production et de logistique.