
Deux enquêtes d’opinion récentes révèlent les perceptions des Thaïlandais concernant les conflits frontaliers avec le Cambodge et le rôle des institutions nationales dans leur gestion.
Selon une étude menée par le National Institute of Development Administration (NIDA) auprès de 1 310 personnes, les forces armées thaïlandaises bénéficient d’un niveau de confiance nettement supérieur à celui du gouvernement et du ministère des Affaires étrangères.
En matière de défense de l’intérêt national, 75,73 % des sondés accordent une grande confiance à l’armée, contre seulement 4,66 % pour le gouvernement et 4,89 % pour le ministère. Cette tendance se confirme dans l’évaluation de leur efficacité à résoudre les tensions avec le Cambodge : 75,42 % des répondants se disent très satisfaits du rôle des militaires, tandis que plus de la moitié expriment leur insatisfaction vis-à-vis du gouvernement et du ministère.
Une seconde enquête, réalisée par le Pacific Institute of Management Science auprès de 1 500 personnes, explore les causes perçues du conflit frontalier. La majorité (37,75 %) attribue les tensions à la politique thaïlandaise de répression des réseaux d’escroquerie ou « call centers » dont certains auraient pu être liés à des réseaux cambodgiens. D’autres évoquent des différends historiques (22,4 %) ou des influences géopolitiques (21,8 %), notamment celles des États-Unis et de la Chine.
Concernant les motivations du président du Sénat cambodgien Hun Sen, 45,6 % des sondés estiment qu’il agit pour protéger ses intérêts financiers personnels, tandis que 33,5 % y voient une stratégie pour renforcer sa mainmise politique. Seuls 0,1 % le considèrent comme un fin stratège.
Pour résoudre la crise, les Thaïlandais privilégient des approches diplomatiques : 32,9 % soutiennent des négociations bilatérales via l’ASEAN, 26,4 % souhaitent un cessez-le-feu sans conditions, et 24,1 % préconisent une médiation internationale. La solution militaire n’est envisagée que par 16,5 %.
Enfin, l’hypothèse selon laquelle les tensions seraient liées à des conflits personnels entre Thaksin Shinawatra et des dirigeants cambodgiens est largement rejetée : 58,1 % la jugent infondée, la qualifiant de rhétorique politique.