
Un large rassemblement antigouvernemental s’est tenu samedi au Monument de la Victoire à Bangkok, rassemblant jusqu’à 10 000 manifestants, selon les organisateurs exigeant la démission de la Première ministre Paetongtarn Shinawatra. Les organisateurs, issus de divers courants politiques autrefois antagonistes, tels que Sondhi Limthongkul, figure du mouvement des Chemises jaunes, et Jatuporn Prompan, ancien leader des Chemises rouges, s’unissent désormais contre l’influence persistante de la famille Shinawatra. Ils l’accusent d’affaiblir la souveraineté nationale, notamment dans la gestion de la crise frontalière avec le Cambodge.
Sondhi a exprimé son rejet d’un nouveau coup d’État, mais a reconnu que l’armée pourrait intervenir si la crise s’aggravait. Il a conclu ainsi « je ne m’opposerai pas si l’armée fait quelque chose ». Il a appelé à une transition démocratique incluant la société civile, après le possible coup d’État. Jatuporn, de son côté, a averti que les manifestations s’intensifieraient si Mme Paetongtarn refusait de quitter ses fonctions, notamment en cas de suspension décidée par la Cour constitutionnelle.
Un Coup d’État est improbable, car il existe d’autres armes très efficaces pour évincer Paetongtarn, comme la Cour Constitutionnelle.
Ce rassemblement marque une résurgence des tensions politiques, dans un contexte où la Première ministre fait face à une plainte d’ordre éthique à la suite de la fuite d’un enregistrement téléphonique embarrassant avec l’ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen. La Cour constitutionnelle doit décider mardi si elle accepte la plainte, ce qui pourrait entraîner une suspension provisoire et possiblement immédiate. Le même jour, son père Thaksin devra se présenter devant la justice pour répondre à des accusations de lèse-majesté.
Des figures comme Anchalee Phaireerak et le Dr Warong Dechgitvigrom ont condamné non seulement Mme Paetongtarn, mais également les partis de coalition, accusés de trahison nationale. Warong a prédit une destitution imminente de la Première ministre, affirmant que cette dernière suivait le même chemin que son père Thaksin, sa tante Yingluck et son oncle Somchai, tous évincés dans le passé sur sur fond de tensions chroniques entre la puissante dynastie politique et l’establishment conservateur proche de l’armée et de la monarchie..
La foule, évaluée à l’origine à 6 000 personnes par les autorités et à 4 000 par les médias étrangers, s’est dissipée sans heurt. Ce nouvel épisode rappelle les précédentes mobilisations contre les gouvernements Shinawatra, qui ont historiquement débouché sur des coups d’État. Pour une nouvelle génération de Thaïlandais, cela soulève des inquiétudes profondes quant à l’avenir démocratique du pays et au cycle récurrent de l’instabilité politique, marqué par une alternance de gouvernements dominés par les Shinawatra et de coups d’État militaires. Depuis 1932, le pays a connu une douzaine de putschs, reflétant l’ancrage profond de l’armée dans la vie politique.