
BANGKOK – Lim Kimya, à la double nationalité française et cambodgienne, était un ancien député de l’opposition cambodgienne âgé de 73 ans. Il a été assassiné en plein cœur de Bangkok. La fusillade s’est produite près du célèbre Wat Bowonniwet, dans le district de Phra Nakhon, à deux pas de Khao San, suscitant des vagues d’inquiétude dans les cercles politiques.
Sur les images de vidéosurveillance visibles en ligne, on observe le tireur garer son scooter à 17h26, ôter son casque, traverser la rue pour tuer à 17h39. Trois coups de feu ont été tirés vers 17h45. Il revient à son véhicule, remet son casque et quitte les lieux sans coup férir.
Lim Kimya a perdu la vie sur les lieux. La police de la capitale thaïlandaise a lancé une vaste chasse à l’homme pour appréhender le tueur, qui est toujours en liberté.
Les images de sécurité de la zone ont révélé des indices essentiels sur l’auteur du crime. La vidéo montre un homme conduisant une moto Honda Wave 100 rouge immatriculée avec le numéro 845. Vêtu d’un jean long, d’une chemise grise à manches courtes et portant un sac en bandoulière. L’agresseur aurait dissimulé une arme à feu dans ce sac. La préméditation de ce meurtre inquiète.
Lim Kimya est arrivé à Bangkok depuis Siem Reap, au Cambodge, aux côtés de son épouse française et de son oncle cambodgien. La famille a voyagé en bus, apparemment avec l’intention de visiter la Thaïlande sans arrière-pensée. Cependant, alors qu’ils sont arrivés près du célèbre temple, le tireur a frappé.
Ancienne figure éminente du Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP), Lim Kimya est un emblème de la résilience de l’opposition. Le CNRP a été fondé en 2012 par les chefs de l’opposition Sam Rainsy et Kem Sokha. Principale force d’opposition, il a été dissous par un arrêt de la Cour suprême en novembre 2017 dans le cadre d’une répression considérée comme politiquement motivée sous le régime du Premier ministre de l’époque, Hun Sen. Ce dernier a gouverné pendant près de quatre décennies, avant de remettre le pouvoir en 2023 à son fils aîné, Hun Manet. Des députés, dont Lim Kimya, s’étaient vu interdire toute activité politique. Beaucoup ont été emprisonnés.
Bien qu’il détienne un passeport français, Lim Kimya a choisi de rester au Cambodge, soulignant son engagement envers les enjeux politiques de son pays natal. Cette décision le distingue de nombre de ses pairs, qui ont cherché refuge dans d’autres pays au milieu d’une répression politique persistante.
En réfléchissant à son dévouement inébranlable, Kimya a déclaré un jour aux journalistes : « Je n’abandonnerai jamais la politique ». Mais aujourd’hui, sa mort laisse des questions en suspens.
Alors que la police thaïlandaise intensifie ses efforts pour retrouver le tueur, la communauté internationale suit de près ce dossier brulant.