
Séné d'Alexandrie
Le gouvernement thaïlandais met en place une politique visant à intégrer davantage les remèdes traditionnels à base de plantes dans les hôpitaux publics, en remplacement de certains médicaments modernes. Cinq traitements couramment prescrits – le baume analgésique (utilisé pour traiter les douleurs musculaires), le M. Tussis (symptômes de la grippe), le carminatif (ballonnements/flatulences), le bisacodyl (constipation) et le daflon (hémorroïdes), – ont été retirés de la liste nationale des médicaments essentiels et remplacés par des équivalents issus de la médecine traditionnelle, comme le Plai, le curcuma et le séné d’Alexandrie.
Cette décision s’inscrit dans une stratégie visant à réduire la dépendance aux produits pharmaceutiques occidentaux et à promouvoir les solutions locales. Le ministère de la Santé publique espère que les prescriptions de remèdes à base de plantes atteindront 1 milliard de bahts en 2025 et tripleront l’année suivante. Pour encourager cette transition, 60 millions de bahts de primes seront distribués aux hôpitaux adoptant rapidement la nouvelle politique.
Depuis 1999, la médecine traditionnelle thaïlandaise figure dans la liste des médicaments essentiels, mais son usage dans les établissements de santé s’est accéléré récemment sous l’impulsion du ministre de la Santé publique, Somsak Thepsutin. Ce dernier affirme que les plantes sont une alternative efficace et contribuent à réduire l’usage des médicaments chimiques.
Cependant, cette réforme suscite des inquiétudes, notamment quant à la sécurité de certains remèdes. La députée de l’opposition Kalyapat Rachitroj met en garde contre les risques que certains traitements pourraient présenter pour les femmes enceintes. Elle critique aussi l’approche du gouvernement, qui pourrait miner la confiance du public à long terme. Certains médecins, sceptiques, contournent la directive en orientant leurs patients vers des pharmacies privées plutôt qu’à l’hôpital.
Des soupçons de conflit d’intérêts ont également émergé, concernant le directeur général du Département des services médicaux, le Dr Taweesilp Visanuyothin, qui est devenu membre du conseil d’administration d’un grand fabricant de remèdes à base de plantes peu après avoir dirigé le Département de médecine alternative.
Face aux critiques, le ministre Somsak assure que les médecins restent libres de prescrire des médicaments modernes lorsque cela est nécessaire et que le budget alloué aux plantes médicinales est modeste comparé aux 70 milliards de bahts dédiés aux médicaments conventionnels. Le gouvernement prévoit également d’évaluer l’efficacité des traitements à base de plantes et d’améliorer la communication avec les hôpitaux pour faciliter leur adoption.