
L’Université Chulalongkorn a annulé un séminaire organisé à l’occasion du lancement public d’un livre. Cette étude documentée de l’une de ses universitaires, la docteur Puangthong Pawakapan, traite du rôle de l’armée thaïlandaise. L’événement, initialement prévu pour ce vendredi 28 septembre, a été déplacé au musée Jim Thompson au lieu de se tenir sur le campus comme prévu initialement.
La Dr Puangthong, universitaire à la Faculté de sciences politiques, a partagé la nouvelle sur Facebook, déclarant que les dirigeants de l’université avaient interdit l’utilisation de toute salle à Chula pour le lancement de son livre intitulé « Infiltrer la société : les affaires de sécurité intérieure de l’armée thaïlandaise », sans fournir de raison claire.
Malgré cela, le département des relations internationales de l’université continue de soutenir l’événement.
Le séminaire concernera l’édition thaïlandaise de ce livre primé à l’étranger, initialement publié en anglais par l’Institut Yusof Ishak de Singapour en 2021. L’édition thaïlandaise est imprimée par Same Sky Books. Le livre est basé sur un projet de recherche de deux ans qui a remporté des prix de l’Université Chulalongkorn en 2023 et du magazine Foreign Affairs en 2022.
Cette annulation fait suite aux critiques de l’Internal Security Operations Command (ISOC), le 14 septembre, qui accusait la Dr Puangthong de manquer d’expertise en matière de sécurité. L’ISOC a demandé l’interdiction du livre et des réunions publiques liées, affirmant que tout cela pourrait induire la population en erreur et nuire à l’image de l’armée .
L’ISOC a menacé l’universitaire de poursuites judiciaires et a demandé à l’université de vérifier son éthique.
En réponse, la courageuse Dr Puangthong a défendu son travail dans un communiqué, soulignant que ses recherches avaient été rigoureusement examinées par des experts internationaux. Elle a invité l’ISOC à se joindre au séminaire et à discuter publiquement de la question au lieu de chercher à le supprimer.
Le prochain forum, dont on peut craindre qu’il soit empêché au dernier moment, comprendra des intervenants tels que Thanathorn Juangroongruangkit, fondateur du parti Future Forward, aujourd’hui dissous, et Prajak Kongkirati de sciences-po Thammasat, tous deux connus pour leurs critiques des coups d’État militaires et de l’ingérence des forces armées dans la vie politique thaïlandaise.
L’ISOC est une organisation issue de la guerre froide (époque où il fallait combattre les communistes thaïlandais) qui n’a plus vraiment de raison d’être et que les politiques civils voudraient voir dissoute. L’ISOC évolue à la marge de l’armée et la police, sans réel contrôle.
On note que comme souvent les études les plus pertinentes sur la Thaïlande sont publiées à l’étranger. Tenter de diffuser des travaux universitaires sérieux en Thaïlande s’avère toujours difficile.