
Arun éclaire la situation. A gauche, la difficulté des citoyens à réformer la démocratie. A droite la fragilité d'icelle.
Les trois plus grands partis politiques thaïlandais — le People’s Party, le Pheu Thai et le Bhumjai Thai — se sont réunis pour définir une stratégie commune visant à amender la Constitution, à la suite d’une décision controversée de la Cour constitutionnelle. Celle-ci a statué que les citoyens ne peuvent élire directement les membres de l’Assemblée constituante, ce qui a suscité de vives critiques.
Les représentants Parit Wacharasindhu (People’s Party), Cholnan Srikaew (Pheu Thai) et Paradorn Prissananantakul (Bhumjai Thai) ont convenu que la priorité est de modifier le chapitre 15/1 de la Constitution, qui encadre le processus de rédaction d’une nouvelle charte. Chaque parti soumettra son propre projet d’amendement au Parlement dès la semaine suivante.
Si ces amendements sont adoptés en trois lectures, deux questions seront soumises au public par référendum : faut-il rédiger une nouvelle Constitution, et approuvez-vous la modification du chapitre 15/1 ? L’objectif est de tenir le premier référendum en parallèle des prochaines élections générales, conformément à l’accord politique qui prévoit la dissolution du Parlement dans les quatre mois suivant la déclaration de politique gouvernementale — attendue fin septembre 2025. Cela placerait la dissolution d’ici fin janvier 2026.
Chusak Sirinil, vice-président du Pheu Thai, a souligné les zones d’ombre dans la décision de la Cour, notamment l’interdiction d’élire directement les rédacteurs de la Constitution. Il considère que cela prive les citoyens d’un droit fondamental. Le Pheu Thai reste néanmoins engagé à promouvoir une nouvelle Constitution démocratique. À défaut d’élection directe, les membres de l’Assemblée pourraient être désignés par le Parlement. Un groupe de travail sera mis en place pour affiner cette proposition. Bien sûr, le « Régime » préférerait nommer lui-même les rédacteurs, comme il l’a fait précédemment par l’intermédiaire de juntes militaires.
Même le Premier ministre Anutin Charnvirakul, pourtant très proche du Régime, a déclaré qu’une réécriture de la charte doit être accélérée, car le Parlement détient l’autorité d’en décider.
Parallèlement, la Chambre des représentants a approuvé le principe de 13 projets de loi visant à abroger des ordonnances de la junte ou Conseil national pour la paix et l’ordre (NCPO), héritées du régime militaire. Ces textes visent à redonner du pouvoir décisionnel aux enseignants et personnels éducatifs. Huit projets ont été adoptés avec 298 voix pour et une abstention, tandis que cinq autres ont obtenu 274 voix pour et trois abstentions. Une commission parlementaire spéciale examinera ces textes en détail.
Ces initiatives marquent une volonté politique de réformer en profondeur les institutions thaïlandaises, en renforçant la participation citoyenne et en tournant la page des mesures autoritaires du passé.