La variété de riz parfumé Hom Mali de Thaïlande a été élue meilleur riz du monde dans sept des 14 concours annuels organisés par la conférence internationale du riz mondial (IWR), notamment en 2020 et 2021. Cependant, l’année dernière, le premier prix a été décerné au Phka Romdoul du Cambodge lors de la conférence IWR qui s’est tenue à Phuket.
Cette année, le Vietnam a volé la vedette avec sa variété de riz ST25, qui avait déjà remporté le prix du meilleur riz au monde en 2019.
Le ST25 est le résultat de 20 ans de recherche par une entreprise privée vietnamienne et est considéré comme le modèle pour la dernière génération de riz avec de nombreuses qualités inovantes. Les deux autres pays qualifiés pour la finale était l’Inde et le Cambodge.
Il faut dire que la Thaïlande, vexée l’an passé, n’a pas voulu participer au concours cette année. Chukiat Opaswongse, de l’Association des exportateurs de riz thaïlandais, a déclaré que l’absence de la Thaïlande était due à sa méfiance à quant à l’équité du concours.
M. Chukiat a déclaré que l’association ne se présenterait plus à l’avenir. Ainsi, elle ne perdra plus jamais.
Cette histoire de concours est anecdotique. Mais ce qui l’est moins c’est que le gouvernement thaïlandais accorde peu d’intérêt à la recherche et au développement du riz. Pourtant le riz est un produit d’exportation majeur et une source de revenus, avec 7,9 millions de tonnes de riz exportées l’année dernière, générant environ 178 milliards de bahts.
Malgré la place centrale du riz dans la civilisation thaïe, le budget pour la recherche sur le riz est dérisoire : 200 millions de bahts par an.
On constate ici le même désintérêt pour le « faire mieux » que celui qui préside aux politiques de l’éducation nationale. A quoi bon étudier, chercher et progresser ?
Cela ne signifie pas que les décideurs politiques ne se soucient pas des riziculteurs. Mais comme ailleurs, le gouvernement confond subvention et développement durable. Des milliards sont alloués aux riziculteurs, comme des emplâtres sur une jambe de bois. La dernière subvention va les aider à ne pas vendre leur riz quand les cours sont trop bas.
Il ne fait, par ailleurs, aucun doute que le riz parfumé Thai Hom Mali reste l’une des meilleures variétés de riz au monde et peut encore se vendre.
Mais le riz thaïlandais pourrait un jour perdre sa compétitivité alors que d’autres pays investissent dans la recherche et le développement pour améliorer leur riz.
Le riz parfumé ST25 du Vietnam en est un bon exemple. Il est parfumé, doux et moins cher que le Thai Hom Mali.
Mais son avantage le plus important est qu’il peut être cultivé deux à trois fois par an, contre une récolte annuelle pour le Thai Hom Mali.
L’engagement du gouvernement en faveur de la R&D doit être renforcé et, plus important encore, orienté pour répondre à une stratégie (à définir).
Le Conseil national de l’enseignement supérieur, de la science, de la recherche et de la politique innovante affirme que les dépenses de R&D augmentent régulièrement et atteindront 2 % du PIB en 2027.
Mais visiblement envoyer une fusée sur la lune motive plus les décideurs thaïlandais que le riz dont le budget recherche est en baisse constante. Pas assez glamour ?
La Thaïlande ne peut pas compter sur le tourisme comme seule bouée de sauvetage. La pays a besoin de développement et que celui-ci soit durable.
Le pays soit d’intéresser à la science, la technologie et l’innovation pour faire avancer l’économie. Toujours tout attendre de l’étranger n’est pas viable sur le long terme. Les Vietnamiens l’ont compris et travaillent dur.
Cela signifie davantage de dépenses dans l’enseignement scientifique et technologique (on le sait, le gouvernement ne s’intéresse pas à l’éducation) et dans la R&D, en ciblant spécifiquement les industries clés, dont le riz. Mais au-delà des dépenses, il convient d’élaborer des stratégies pour utiliser les budgets de manière judicieuse.
Texte inspiré de l’éditorial du Bangkok Post.
