
L’armée thaïlandaise hausse le ton après un incident survenu le 12 août près du temple de Ta Muen Thom, à la frontière avec le Cambodge. Un sergent-chef thaïlandais a été grièvement blessé par une mine antipersonnel lors d’une patrouille. Selon Bangkok, l’engin aurait été posé clandestinement par les forces cambodgiennes, en violation de l’accord de cessez-le-feu et du Traité d’Ottawa.
Le commandant de la 2e région militaire, le lieutenant-général Boonsin Phadklang, dénonce une provocation délibérée et annonce des contre-mesures. Parmi elles : modification des itinéraires de patrouille, renforcement de la vidéosurveillance et recours à des engins lourds pour sécuriser les passages. Une protestation officielle sera également déposée à l’échelle internationale, bien que le commandant doute d’une reconnaissance des faits par Phnom Penh.
L’armée thaïlandaise insiste sur le caractère répétitif de ces incidents, évoquant une stratégie d’embuscades visant à menacer sa souveraineté. Le porte-parole militaire, le général de division Winthai Suvaree, affirme que les mines utilisées sont interdites par le droit international et que leur présence sur le territoire thaïlandais constitue une violation grave. Le temple Ta Muen Thom se situerait en territoire cambodgien selon les cartes de 1907, mais on ne sait pas précisément où la mine a explosé.
Si les mines semblent récentes et si un faisceau d’indices mène vers les soldats cambodgiens, on ignore si celles-ci ont été placées avant ou après la signature du cessez-le-feu, le 28 juillet.
Winthai évoque une possible riposte dans le cadre du droit à la légitime défense, sans préciser la nature de ladite riposte.
Du côté cambodgien, les accusations sont rejetées en bloc. Phnom Penh estime que la logique thaïlandaise est contradictoire : si la zone est bien sous contrôle thaïlandais, alors la responsabilité des mines leur incombe. À l’inverse, s’ils accusent le Cambodge d’avoir posé les engins, ils reconnaissent implicitement que la zone était sous contrôle cambodgien.
Les autorités cambodgiennes rappellent que le secteur est historiquement miné et qu’elles ont mis en garde la Thaïlande contre toute incursion. Elles se demandent pourquoi l’armée thaïlandaise envoie ses soldats sans dispositif de déminage.
L’incident survient dans un contexte de transition militaire en Thaïlande, à quelques semaines de la retraite du général Boonsin. Trois candidats sont en lice pour lui succéder à la tête de la 2e région militaire. De nombreux Thaïlandais souhaiteraient que le charismatique Boonsin reste en poste, malgré la limite d’âge.
La question des mines terrestres devrait figurer à l’ordre du jour de la prochaine réunion du Comité régional des frontières entre les deux pays, bien que les précédents échanges aient été infructueux.
En attendant, les autorités thaïlandaises appellent la population à signaler tout objet suspect dans les zones frontalières, tandis que les tensions diplomatiques entre Bangkok et Phnom Penh semblent repartir à la hausse.