Les résultats ne sont pas définitifs mais il semble que Move Forward est le premier parti de Thaïlande ce soir avec une quarantaine d’élus à la proportionnelle. Plus que le Pheu Thai.
MF possède aussi un peu plus d’élus de circonscription.
Pheu Thai et Move Forward ensemble possèdent une solide majorité absolue à la chambre des députés (plus de 250) mais pas au parlement (376 puisque les 250 sénateurs nommés par la junte en font partie).
Bumjaithai qui, à la proportionnelle, est très loin car peu présent dans le pays obtient une excellente 3e place grâce à son implantation dans les circonscriptions du bas Isan (Buriram).
L’échec des partis pro-armée de Prawit et Prayut était prévisible tant la population était fatiguée de vivre sous le joug de ces vieux généraux. Cependant l’UTN de Prayut arrive 3e à la proportionnelle, même si c’est très loin des deux premiers. Tous ces partis obtiennent au moins 25 députés ce qui leur permet de présenter un candidat au poste de premier ministre.
Le très royaliste parti démocrate qui n’a cessé de se trahir depuis 15 ans, a perdu toute influence. S’il n’atteint pas les 25 députés, il deviendra un micro parti.
La victoire au vote par partis de Move Forward pose un grave problème à l’armée car elle ne peut pas accepter qu’un parti qui veut modifier la loi sur lèse majesté l’emporte. En même temps, même avec ses remèdes habituels, elle ne pourra pas empêcher les Thaïlandais de penser ce qu’ils pensent.
Si Pheu Thai avait gagné à la proportionnelle, la position de l’armée aurait été traditionnelle avec cette vieille vendetta qui l’oppose à Thaksin. Avec Move Forward en tête, les Thaïlandais se sont radicalisés. Contre l’establishment.
Les remèdes habituels sont sur la table et devraient être utilisés :
1- un gouvernement Prayut largement minoritaire en place grâce aux sénateurs nommés par la junte.
2- « convaincre » par la menace ou l’argent des députés de PT et MF de tourner casaque.
3- demander à la « justice » de dissoudre l’un ou les deux partis vainqueurs.
4- coup d’état militaire
5- annuler les élections.
Pita (MF) et les dirigeants du PT se rencontrent ce soir. S’ils parviennent rapidement à un accord sans arrière pensée et bisbille interne, ils seront difficiles à évincer sans provoquer la colère de la majorité des Thaïlandais. L’armée est-elle prête à un scénario à la birmane ? Ou à un énième coup d’état (judiciaire ou militaire) ?
Si les négociations MF – PT achoppent sur trop de sujets, cela affaiblira la coalition d’entrée et l’armée pourra facilement débaucher des députés PT.
De son côté, Le Bumjaithai a toujours affirmé qu’il voulait se retrouver du côté du manche et rester faiseur de roi car c’est ainsi qu’on obtient les meilleurs portefeuilles ministériels. Par ailleurs, si PT et MF ont toujours exclu de gouverner avec des putschistes, cela ne concernait pas Anutin et son parti. Que donnerait une alliance très « old school » qui irait de MF à Anutin en passant par PT ? Le message clair et net de Pita (MF) s’en trouverait dilué dans des « combinazione ».
Prayut avait pris le pouvoir (illégalement) pour soi-disant unir la royaume. Non seulement il n’y sera pas parvenu mais il aura créé de nouvelles failles bien plus graves que celles de 2014.

attention rien d’officiel dans ces résultats