Le numéro 2 du Pheu Thai, Phumtham Wechayachai, a déclaré sur TV 3 lundi matin que les partis pro-junte essayaient de débaucher les députés du Pheu Thai et de Move Forward. Il a déclaré que 20 députés PTP et 30 députés MFP ont été invités à changer de camp et qu’il faut se méfier d’une tentative de former un gouvernement pro-armée grâce à ce genre de débauchage qu’on peut clairement appelé « achat ». La semaine dernière le député tait mis à prix à 100 millions de bahts.
Phumtham n’apporte pas de preuve mais Il est clair que tout député de gauche qui passera à droite ces jours-ci sera accusé d’y avoir trouvé un bénéfice financier.
Dimanche, Les partisans du parti Move Forward ont publié une déclaration, exhortant les sénateurs, qui se sont abstenus de voter lors de la séance du parlement de jeudi dernier pour choisir le Premier ministre, à démissionner et appelant les huit partis de la coalition à rester unis pour respecter les électeurs.
En effet, il est futile de demander aux sénateurs de voter pour Pita.
En effet, puisque les sénateurs en s’abstenant on voulu montrer qu’ils restaient neutres, ils devraient aller au bout de leur démarche et démissionner. Si une abstention revient finalement à voter contre Pita, une démission permet de faire baisser la limite de la majorité absolue au parlement et pourrait permettre l’élection de Pita.
On remarque d’ailleurs qu’outre le sénateur qui a déjà démissionné, 42 sénateurs ont « disparu » jeudi. Seuls 705 députés et sénateurs sur 748 éligibles se sont présentés. Mais les « disparitions » comme les abstentions » empêchent Pita d’arriver à la majorité des inscrits. C’est donc le nombre d’inscrits qu’il faut faire baisser et non le nombre de votants ou d’exprimés.
La déclaration appelle également le peuple thaïlandais à se joindre aux manifestations pour opérer un changement dans la société thaïlandaise.
La déclaration a été lue au Centre des arts et de la culture de Bangkok à la fin du rassemblement, initié par Arnon Nampa, membre de Thai Lawyers for Human Rights et du groupe Ratsadon.
Dans son discours aux manifestants, Arnon a averti que tout parti de la coalition qui romprait avec la coalition serait accusé de rejoindre le camp pro-armée donc serait qualifié de « dictateur », comme la clique des putschistes.
Il a déclaré que la « vieille garde » de la politique thaïlandaise avait peur du parti Move Forward, non seulement en raison de son intention de modifier la loi de lèse-majesté, mais en raison des politiques du parti visant à apporter des changements dans d’autres domaines, ce qui pourrait menacer leur statut.
Somyot Prueksakasemsuk, un membre du groupe anti-establishment « 24 juin », a exhorté les partisans du parti Move Forward à se rassembler mardi devant la Cour constitutionnelle, alors qu’elle examinera s’il convient d’accepter la requête de la Commission électorale concernant l’affaire iTV bien connue.
Le rassemblement s’est terminé vers 18h50.
Les sénateurs sont devenus les ennemis des internautes, majoritairement jeunes et progressistes. Un première campagne a pour but de donner les noms des entreprises liées aux sénateurs afin que les citoyens les boycottent. La seconde devait raconter la vie privée croustillante de ces vieux messieurs qui comme moult Thaïlandais riches entretiennent de jeunes maîtresses appelées mia noï.
Certains sénateurs ont menacé de porter plainte. Les lois sur la diffamation sont si sévères que les internautes y regarderont à deux fois avant de révéler des secrets sur Internet.
De son côté, Le secteur privé a exprimé son soutien au parti Pheu Thai pour diriger le nouveau gouvernement, affirmant que ses politiques économiques contribueront à redresser l’économie.
Sanan Angubolkul, président de la Chambre de commerce thaïlandaise, a déclaré que la confiance dans l’économie recevrait un coup de pouce immédiat si Pheu Thai pouvait former un gouvernement.
« Le Pheu Thai a de l’expérience dans la gestion du pays. Le parti dispose également du personnel ayant la capacité et l’expertise nécessaires pour gérer l’économie », a déclaré M. Sanan.
M. Sanan a également exhorté le prochain gouvernement à réduire le coût de la vie et à augmenter les revenus afin que les gens aient plus d’argent à dépenser.
En outre, les PME ont besoin d’un accès facile aux sources de financement pour reconstruire après Covid-19, a déclaré M. Sanan, ajoutant que le gouvernement devrait également poursuivre la transformation numérique pour améliorer les services publics et garantir la transparence.
Le gouvernement doit également proposer des plans pour faire face à une sécheresse due à El Niño qui pourrait affecter le secteur agricole, a-t-il déclaré.
« Les prix des produits agricoles ont augmenté. La demande mondiale de nourriture a également augmenté, ce qui représente une bonne opportunité pour la Thaïlande », a-t-il déclaré.
Le gouvernement et le secteur privé devraient s’occuper de la gestion de l’eau pour les secteurs agricole et industriel, a déclaré M. Sanan.
Il a également exhorté le gouvernement à accélérer le décaissement des fonds publics non dépensés et injecter des liquidités dans l’économie afin de stimuler la croissance au cours du second semestre de l’année.
Charoen Laothamatas, de l’Association thaïlandaise des exportateurs de riz, a déclaré que le nouveau gouvernement devrait accorder la priorité à l’agro-industrie en améliorant les souches de cultures et les méthodes, au lieu de se concentrer uniquement sur les prix.
« Plusieurs pays attachent de l’importance à la lutte contre le réchauffement climatique. Nous devons nous assurer que nos techniques ne produiront pas de méthane », »La Thaïlande doit avoir une politique claire sur l’environnement sinon les exportations thaïlandaises pourraient être confrontées au protectionnisme commercial d’autres pays », a-t-il déclaré.
Srettha Thavisin, l’un des trois candidats au poste de Premier ministre du Pheu Thai, a assuré que le Pheu Thai s’occuperait des problèmes économiques qui affectent la vie quotidienne des gens une fois qu’il serait au gouvernement.
Il est évident que Thaivisin est mieux formé que Phaetongtarn la fille de Thaksin en matière de gestion économique.
Le régime représenté par Prayut a toujours suivi les politiques économiques suggérées par les grands conglomérats. Thaksin bien que très porté sur le monde des affaires favorisait également les chefs des entreprises un peu plus petites.
Les observateurs sont tous catastrophés par l’héritage politique du putschiste Prayut qui laisse une Thaïlande ingouvernable entre une population qui veut « aller de l’avant » et un système politique inébranlable.
Kong Rithdee, éditorialiste au Bangkok Post, compare la politique thaïlandaise au mythe de Sisyphe tel que décrit par Albert Camus. En effet, à chaque fois que Sisyphe (le peuple qui souhaite la démocratie) pousse sa pierre en haut de la montagne (il gagne les élections), il est puni par les dieux (le régime) qui trouve toujours un moyen (coup d’état, décision de la « justice », invention d’une constitution scélérate, etc.) pour que la pierre retombe.
Kong Rithdee cite Camus : « Si la descente s’effectue ainsi parfois dans la douleur, elle peut aussi s’effectuer dans la joie. » Ce que le MFP et Pita ont fait au cours des deux derniers mois n’a pas été simplement de pousser futilement et douloureusement le rocher sur la colline impitoyable. Ils ont également suscité des espoirs et ont laissé entrevoir une version du futur thaïlandais inimaginable dans l’air irrespirable post-coup d’État.
Kong continue : Et donc il y a de la joie là-dedans. Non pas la joie masochiste de voir des députés légitimement élus être victimes d’une poignée de réactionnaires mais une vraie joie qui n’est possible que lorsqu’on se rend compte que tout n’est pas inutile, que tout n’est pas futile, que tout le monde ne dort pas, et que ce qui était autrefois caché sous la table est maintenant mis à jour.
Cet avenir ne viendra pas de sitôt, ou ne viendra peut-être pas du tout. Mais pour l’instant, l’histoire de Sisyphe, comme le croyait Camus, enseigne une fidélité plus noble qui dépasse l’entendement de vulgaires dieux.
Les Thaïlandais pousseront ce rocher ensemble, peu importe combien de fois il retombera. « La lutte elle-même vers les hauteurs suffit à remplir le cœur d’un homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. » conclut Kong, citant Camus.
La différence entre cette histoire de dieux et la Thaïlande c’est que cette dernière est peuplée d’êtres humains. Le bouddhisme bien supérieur à la mythologie européenne nous enseigne que rien ne dure. Rien de rien. Même pas les petits arrangements du régime thaïlandais.
Phumtham
