Le parti vainqueur des élections Move Forward (MFP) ne soutiendra pas le candidat du parti Pheu Thai au poste de Premier ministre, a déclaré mardi le secrétaire général de Move Forward, Chaithawat Tulathon.
Cette décision pourrait compliquer les efforts du Pheu Thai et prolonger des semaines d’impasse politique.
Après avoir jeté Move Forward par dessus bord plus tôt ce mois-ci, Pheu Thai, aurait bien aimé un coup de main de son ancien allié pour que le magnat de l’immobilier Srettha Thavisin devienne premier ministre.
Trouvant la ficelle un peu grosse, les députés de Move Forward ont été unanimes à s’opposer à cela, a déclaré M. Chaithawat lors d’une conférence de presse.
« La formation du gouvernement ne reflète plus la voix du peuple », a-t-il déclaré après une réunion hebdomadaire des députés du parti. « Il est clair que les sénateurs et les autres partis veulent faire disparaître Move Forward. »
Le prochain vote pour le Premier ministre devrait avoir lieu vendredi ou mardi prochain, le 22 août sauf décision d’un tribunal qui pourrait tout retarder.
La nouvelle coalition comprend le parti Bhumjaithai, 3e, acteur clé du gouvernement sortant. Il semble que le Pheu Thai recherche également le soutien des deux partis «oncles putschistes» que Move Forward a évités par principe.
Les partis «oncles» sont Palang Pracharath (PPRP) dirigé par le général Prawit Wongsuwon, et United Thai Nation (UTN), le parti créé pour Prayut Chan-o-cha, qui a fomenté le coup d’État de 2014.
Bien que Pheu Thai n’ait pas encore conclu d’accord formel avec le PPRP et l’UTN, un chef du Pheu Thai, Phumtham Wechayachai, a admis que le parti n’avait d’autre choix que de les inclure dans un souci de stabilité.
L’UTN est un repoussoir non seulement pour MF, mais aussi pour de nombreux partisans Pheu Thai, car ses membres ont participé d’une manière ou d’une autre au renversement de la première ministre Pheu Thai, Yingluck Shinawatra en 2014.
Move Forward a déclaré que « presque tous les partis traditionnels du régime » étaient réunis pour former le gouvernement. « Cela est contraire à la volonté du peuple, clairement exprimée dans le scrutin du 14 mai », alors que Move Forward a remporté 151 sièges et le Pheu Thai 141.
« Bien qu’à l’heure actuelle, la composition du cabinet ne soit toujours pas définitive, il est clair que l’apparence du cabinet ne sera pas très différente de celle du gouvernement précédent », poursuit le communiqué.
Move Forward ne veut pas cautionner la formation d’un gouvernement à la solde du régime et donc contre le peuple.
Contrairement à la fable servie par Pheu Thai, MF précise que l’intention derrière la demande de PT pour que les députés PT votent pour Srettha, n’est pas de diminuer l’autorité du Sénat, mais plutôt de s’aligner sur les désirs des partis issus de la junte.
Pourtant, Le parti Pheu Thai (PT) est convaincu que son candidat au poste de Premier ministre obtiendra l’approbation du Parlement lors du prochain vote du Premier ministre, a déclaré une source du parti.
Cependant, la source a avoué que les choses pourraient prendre une tournure inattendue et que le chef du parti Palang Pracharath (PPRP), vice-premier ministre putschiste, Prawit Wongsuwon, pourrait devenir le nouveau Premier ministre, avec le soutien de députés renégats de Pheu Thai.
La source a poursuivi en disant qu’une équipe de négociateurs du Pheu Thai avait maintenant recueilli suffisamment de soutien pour son candidat Premier ministre, Srettha Thavinsin, auprès d’autres partis.
La source a déclaré que les sénateurs sont également susceptibles de voter en sa faveur car le Pheu Thai a tourné le dos au MFP, dont la politique visant à modifier l’article 112 du Code pénal, connue sous le nom de loi de lèse-majesté, est combattue par les sénateurs.
Mais si les sénateurs refusent toujours de voter pour M. Srettha (les raisons possibles sont multiples), cela signifie que le Pheu Thai, berné, sert de tremplin au général Prawit pour devenir le prochain Premier ministre, a indiqué la source.
« Si le Pheu Thai devient de facto un tremplin pour le général Prawit, cela le condamnera », a déclaré la source.Lors de la campagne pour l’élection du 14 mai, nous avons promis que nous ne travaillerions pas avec les partis des oncles putschistes « , a déclaré la source.
Le Pheu Thai peut mettre fin à la rivalité entre les partis des extrémités opposées du spectre politique au nom de l’unité. Mais le parti aurait dû le mentionner avant les élections du 14 mai afin que les électeurs puissent décider s’ils étaient d’accord avec cela, a déclaré la source.
« Parler de la question en ce moment, c’est comme faire tout ce qui est en son pouvoir pour former un gouvernement », a déclaré la source.
Cependant, les Chemises rouges ne sont toujours pas d’accord avec l’idée de travailler avec le PPRP car le général Prawit reste putschiste, a indiqué la source.
Le seul moyen pour le général Prawit de devenir le chef d’un nouveau gouvernement avec le soutien d’une majorité à la Chambre est de débaucher des députés renégats du Pheu Thai, a indiqué la source.
Sukhum Nuansakul, analyste politique de l’Université Ramkhamhaeng, a déclaré qu’il pensait que le candidat du Pheu Thai, M. Srettha, n’obtiendrait pas le soutien des sénateurs lors du prochain vote du Premier ministre.
« Je ne pense pas que la candidature de Srettha aboutira car les sénateurs sont proches du régime et ils ne voteront pas en sa faveur », a-t-il déclaré.
« En fait, leur véritable objectif est d’aider le général Prawit à obtenir le poste de Premier ministre. Si les choses tournent ainsi, on peut s’attendre à des manifestations de rue », a-t-il déclaré. « L’ancien groupe au pouvoir veut que le général Prawit devienne le prochain Premier ministre. Ils veulent maintenir l’ancien système politique et ne veulent aucun changement. »
Si les partis oncles font partie du gouvernement dirigé par le Pheu Thai, le parti perdra sa crédibilité, a-t-il déclaré.
Jatuporn Prompan, ancien président du Front uni pour la démocratie contre la dictature donc Chemise rouge et ex Pheu Thai a critiqué le Pheu Thai pour sa trahison, comme beaucoup.
« Le Dr Cholnan a dit qu’il démissionnerait de son poste de chef de parti si le Pheu Thai s’associait aux partis oncles. Comment l’expliquera-t-il au peuple ? » a-t-il dit.
Du rififi au sein de la coalition. Le parti Pheu Thai a ignoré les demandes de ses partenaires de la coalition pour que les sièges du cabinet soient attribués avant de procéder au vote pour choisir le Premier ministre.
Phumtham Wechayachai, Pheu Thai, a déclaré qu’il faut se mettre d’accord sur la façon dont la coalition votera d’abord pour désigner le Premier ministre. Ce n’est qu’alors que l’attribution des sièges au cabinet sera discutée.
Il a insisté sur le fait que les sièges du cabinet devront être acceptables pour la population et refléter les politiques de chaque parti de la coalition.
« Nous demandons aux partis de reconnaître les besoins du pays et du peuple comme la priorité », a-t-il déclaré. Sous entendu « et non les intérêts personnels »
La déclaration de M. Phumtham fait suite à un ultimatum émis par certains membres de sa coalition pour régler la répartition des portefeuilles avant le vote.
Les partis refusent aussi la suggestion de Srettha qui empêcherait les ministres de retrouver leur portefeuille. Par exemple, Anutin (Bumjaithai) veut retrouver son ministère de la santé.
Ces ministres disent que s’ils parvenaient à conserver les ministères qu’ils supervisent actuellement, cela profiterait à la continuité du travail.
Ils ont ajouté que le Pheu Thai ne devrait pas se concentrer sur la modification de la constitution, mais plutôt s’occuper d’abord des problèmes économiques et des moyens de subsistance des gens.
M. Phumtham a déclaré qu’il n’avait pas entendu parler d’une demande des partis de la coalition faisant pression pour que M. Srettha soit remplacé comme candidat au poste de Premier ministre par Paetongtarn Shinawatra.
Il a rappelé que la coalition se composait jusqu’à présent de 238 députés donc restait minoritaire à l’Assemblée.
Cependant, le secrétaire général du Pheu Thai, Prasert Chantararuangthong, a déclaré que le soutien à la coalition était désormais passé à 278 députés, avec l’ajout du PPRP (parti oncle).
« Nous sommes convaincus que la nomination de M. Srettha se déroulera en un seul tour de scrutin », a-t-il déclaré.
Pendant ce temps, le sénateur radicalisé Kittisak Rattanawaraha a admis que certains sénateurs doutaient que M. Srettha devienne Premier ministre.
« Il semble crédible que le droit de former un nouveau gouvernement passe du parti Pheu Thai au troisième parti, le parti Bhumjaithai ou même au quatrième, le PPRP », a-t-il déclaré.
Les observateurs parlent de la Fin d’une ère de plus de deux décennies de pouvoir politique exercé par la famille Shinawatra alors que les manœuvres du parti Pheu Thai ont provoqué la colère de la base dévouée du parti. C’est une perte de confiance qu’il est peu probable de récupérer.
En effet nombre de membres Pheu Thai brûlent leurs chemises rouges dans des manifestations de colère spontanées, au moment même où le parti et la famille Shinawatra semblent sur le point de couper les ponts avec sa base.
Un groupe d’environ 50 personnes s’est rassemblé lundi dans la province de Samut Sakhon, à l’ouest de Bangkok, dans le golfe de Thaïlande, pour brûler une effigie de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra.
Les observateurs rappellent qu’il serait à la fois négligent et malhonnête de ne pas se souvenir des racines du Ruam Thai Sang Chart Party ou UTN ou parti Prayut. Car dans ses rangs se trouvent d’anciens du PDRC, les personnes mêmes responsables de l’éviction de la sœur de Thaksin Shinawatra, Yingluck.
Oublier le passé est une chose, perdre son âme en est une autre.
Les observateurs affirment que Prawit bien que plus rond à tous les sens du terme ne vaut pas mieux que Prayut. Pendant deux décennies, ses efforts ont consisté à démanteler les politiques que Thaksin a passé sa vie à construire.
Les observateurs rappellent aussi que les Chemises rouges ne sont pas de simples pions sur un échiquier politique, mais des hommes et des femmes qui ont sacrifié leur vie au nom de la démocratie. En 2010, quand les rues de Bangkok se sont teintées de pourpre, c’était pour leur foi dans le potentiel d’une nation. S’aligner maintenant sur le régime est plus qu’une simple trahison politique ; c’est une trahison de leur sacrifice.
La jeunesse thaïlandaise, qui regardait autrefois le parti Pheu Thai avec révérence et espoir, s’en souviendra.
Le parti Pheu Thai se tient au bord du précipice et se prépare à faire un grand pas en avant.
Le chef Pheu Thai entouré de sa coalition Bumjaithai, partis oncles et autres serpents. Le dessinateur Arun de Matichon écrit que c’est la réunion où l’on décide des portefeuilles.
